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Révolte des pauvres au Mozambique

10 septembre 2010

Les journaux allemands s'intéressent aux révoltes de la faim au Mozambique. La police a tiré à balles réelles. Officiellement les trois jours d'émeute ont fait treize morts.

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La Berliner Zeitung relève que les manifestations ont été déclenchées par une hausse supérieure à 10% des prix de l'eau et de l'électricité, et l'annonce d'une augmentation de 25% du prix du pain. Ces deux derniers mois, souligne le journal, le cours du blé sur les places boursières internationales est passé de 130 à 230 euros, soit la hausse la plus forte depuis 40 ans. Le Mozambique, qui figure parmi les pays les plus pauvres du monde, couvre 70% de ses besoins en blé par des importations, principalement en provenance d'Afrique du sud. Des importations rendues encore plus coûteuses par la hausse du rand sud-africain.

La Süddeutsche Zeitung note que le problème de la hausse continue des prix des denrées alimentaires ne touche pas seulement le Mozambique mais aussi des centaines de millions de personnes en Afrique. C'est une tendance observée depuis longtemps déjà, et elle est perçue par beaucoup d'analystes comme un risque pour la stabilité de nombreux pays. Le nombre et l'intensité des manifestations, poursuit le journal, s'accroissent d'année en année, notamment grâce à une mobilisation plus rapide par SMS. Cela est souvent célébré comme un renouveau salutaire de la société civile, mais prévient le journal, cette mise en réseau est aussi un outil susceptible de servir à une manipulation des masses.

Kongo - Vergewaltigungsopfer in Südkivu
Victimes de viols au Sud-Kivu (2007)Image : picture-alliance/dpa

L'ONU bat sa coulpe

Beaucoup d'articles aussi cette semaine sur le mea culpa des Nations Unies. Les casques bleus de la MONUSCO ont failli à leur mission en ne faisant rien pour empêcher les viols collectifs qui se sont produits entre fin juillet et début août dans l'est de la République démocratique du Congo. Comme le note, entre autres, la Süddeutsche Zeitung, c'est le sous-secrétaire général de l'ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Atul Khare, qui l'a reconnu en déclarant que les actions de la MONUSCO avaient été insuffisantes. Atul Khare, lit-on dans le Tagesspiegel de Berlin, a aussi reconnu qu'il fallait mieux faire. C'est ainsi que les contingents de la MONUSCO devront faire des patrouilles plus fréquentes le soir et la nuit, les soldats seront aussi équipés de meilleurs outils de communication, comme des téléphones portables. Mais souligne le journal, le grand problème de la MONUSCO reste inchangé: la force est mal équipée, peu motivée et trop petite avec ses 20 000 soldats, observateurs militaires et policiers.

La Frankfurter Rundschau titre sur "le droit du plus fort" et souligne que les viols dans l'est du Congo ont cessé depuis longtemps d'être seulement une arme de guerre. Les hommes congolais ont appris qu'ils n'avaient rien à craindre en commettant des violences sexuelles contre les femmes. L'impunité a fait taire les derniers scrupules et décuplé l'ampleur des atrocités.

Symbolbild Flüchtlingselend im Kongo
La détresse des réfugiés en RDCImage : picture-alliance/ dpa

Le bois le plus cher du monde

Toujours à propos de la RDC, la Frankfurter Allgemeine Zeitung décortique, dans un long article, les ennuis de la GTZ, la coopération technique allemande, dans ce pays qui figure parmi les priorités de l'aide publique allemande au développement. Les 44 comptes bancaires de la GTZ au Congo ont été saisis, la GTZ a été expropriée de l'immeuble acquis pour 800 000 dollars à Kinshasa et elle est menacée d'une amende de 1,5 million de dollars. Derrière tout cela, note le journal, se cachent des hommes d'affaires véreux et des juges corrompus. Exemple Tabura Kashali, un marchand de bois de Goma qui réclame 243 000 dollars à la GTZ pour un chargement de bois qu'il devait livrer en 1994 dans un camp de réfugiés. Sur les 3 400 mètres cubes de bois de chauffe commandés, 2 820 ne sont jamais arrivés à destination. Le Congolais a affirmé que le bois avait été volé pendant le transport. Bref, je vous passe les détails, mais de procès en procès, et avec la complicité d'un juge sans doute associé aux bénéfices, la GTZ a été finalement condamnée à payer 303 000 dollars. Autre cas cité dans l'article, celui d'une ONG appelée "Initiative congolaise pour la gestion autonome des populations", qui elle réclame 924 000 dollars à la GTZ. Là aussi avec l'aide de juges corrompus la valeur du litige a atteint des sommets vertigineux et a abouti en juillet dernier à la saisie des 44 comptes de la GTZ au Congo. Comme le souligne un homme d'affaires de Kinshasa cité dans l'article, "cela ne serait pas arrivé aux Belges ou aux Français". Mais les Allemands passent pour des gens sans défense, et donc pour une proie facile.

Gewürzhändler auf Sansibar
Marchand d'épices à ZanzibarImage : Stefan Pommerenke

Le continent méconnu

Un vent d'afro-optimisme souffle à travers un article que la Süddeutsche Zeitung consacre à ce qu'elle appelle le continent méconnu. Tout d'abord selon le Fonds monétaire international, la croissance économique de l'Afrique tourne depuis 2000 autour de 5% ou plus par an. C'est une expansion deux fois plus rapide que dans les années 80 et 90. Le nombre de ménages appartenant aux classes moyennes est à présent plus élevé qu'en Inde, poursuit le journal. Cette évolution ne se traduit pas seulement par les ventes de voitures, de réfrigérateurs, de téléviseurs et de maisons. Elle s'exprime également dans les taux de natalité. Selon les Nations unies, la croissance démographique de l'Afrique est passée de 2,7% en 1990 à 2,3% aujourd'hui. Car plus le produit intérieur brut par habitant augmente, plus le taux moyen de natalité diminue. Le journal exhorte donc les entreprises européennes à investir davantage en Afrique. La Chine l'a compris depuis longtemps.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Georges-Ibrahim Tounkara