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Radovan Karadžić condamné à la prison à vie

Luisa von Richthofen
20 mars 2019

L'ancien chef de Serbes de Bosnie a été reconnu coupable de génocide et crimes contre l'humanité ce mercredi. La guerre entre Musulmans, Serbes et Croates avait fait près de 100 000 morts entre 1992 et 1995.

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Niederlande Den Haag - Radovan Karadzic vor Strafgerichtshof
L'ex-chef politique des Serbes de Bosnie est âgé de 73 ansImage : Reuters/P. Dejong

C'est le dernier grand verdict du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, qui avait cessé de fonctionner en 2017. Ce mercredi midi, cette cour a prononcé le rejet de l'appel de Radovan Karadžić, coupable de génocide et crimes contre l'humanité. Une étape décisive vers la résolution définitive du conflit interethnique qui avait dévasté les Balkans, dans le sud-est de l'Europe, dans les années 1990. Radovan Karadžić passera le reste de sa vie en prison. 

Homme politique et chef de guerre

Radovan Karadžić est un homme aux multiples facettes : psychiatre, poète et, dans les années 1990, un des hommes politiques les plus influents des Balkans. Pourtant, ce mercredi midi, lorsqu'il pénètre dans la salle d'audience vêtu d'un costume noir et d'une cravate rouge, c'est son rôle de criminel de guerre qui est dans tous les esprits. Car Radovan Karadžić est accusé d’avoir orchestré les pires crimes commis pendant la guerre civile en Bosnie-Herzégovine.

À l'époque, Karadzic était le dirigeant politique de la minorité chrétienne serbe en Bosnie-Herzégovine, pays à majorité musulmane. C'est notamment sous son commandement qu'avait eu lieu le massacre de Srebrenica. En juillet 1995, les forces serbes de Karadzic avaient exécuté environ 8.000 hommes et garçons musulmans dans cette ville de l'est de la Bosnie. C'est pour ce crime, ainsi que pour la violente occupation de la capitale bosnienne Sarajevo, que Karadzic a été condamné à 40 ans de prison en 2016.

Un personnage qui divise

Niederlande Den Haag - Radovan Karadzic vor Strafgerichtshof
Radovan Karadžić au tribunal ce mercredi 20 marsImage : picture-alliance/AP Photo/P. Dejong

En rejetant l'appel contre ce verdict, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a donc terminé son dernier grand procès. Les plus grandes figures du génocide bosniaque, qui a coûté la vie à 33.000 civils, ont ainsi été jugées. Si les Bosniaques saluent la condamnation de Karadzic, les avis restent néanmoins partagés en Serbie. Pour certains nationalistes, Karadzic reste une idole, le défenseur de l'honneur national serbe.

Mais la majorité des Serbes, surtout les jeunes, ne partagent plus cet avis. "Pour la majorité des Serbes, je pense que ce chapitre est déjà clos", raconte Franz Lothar Altmann, professeur et spécialiste des Balkans. "On ne veut plus se faire rappeler cette histoire tout le temps. C'est vraiment une blessure dans l'image de soi que d'être considéré comme un pays de coupables. Je pense donc qu'ils sont heureux quand des personnes sont tenues responsables et non pas un pays tout entier."  

La Serbie dans l'Union européenne ?

Flagen EU und Serbien
Les drapeaux serbe et européenImage : DW

Quant au gouvernement serbe, qui s'était fait dans le passé le défenseur des personnes incriminées, il est aussi soulagé de voir se clore ce chapitre. Il s'agit en effet pour la Serbie d'accélérer son accession à l'Union européenne. 

Belgrade se situe un peu entre le nationalisme encore dominant de la population et la rationalité politique, le désir de ne pas mettre en danger le chemin vers l'UE. La Serbie a déposé sa candidature d'adhésion à l'Union européenne en 2009. Il s'agit pour Belgrade de paraître crédible par rapport à sa propre histoire et aussi par rapport aux valeurs incarnées par l'Union européenne. Ces valeurs sont les droits de l'homme et également la question du génocide et des crimes de guerre. Si la route de la réconciliation ne s'arrête pas ici, le verdict d'aujourd'hui constitue tout de même une avancée certaine.