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Le Kenya vers une insurrection populaire ?

Rémy Mallet
14 août 2017

Au Kenya, l'opposant Raila Odinga a promis d'indiquer ce mardi la "marche à suivre" pour protester contre la "fraude" dont il accuse Uhuru Kenyatta, réélu à l'issue de l'élection présidentielle du 8 août dernier.

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Kenia Oppositionsführer Raila Odinga im Mathare slum in Nairobi
A 72 ans, Raila Odinga livre probablement sa dernière grande bataille après ses trois précédents échecs à la présidentielle (1997, 2007, 2013). Image : Reuters/S. Modola

Aujourd'hui, le chef de file de la coalition de l'opposition Nasa devrait dicter à ses partisans la "marche à suivre" pour protester contre une élection qui, à leurs yeux, a été "volée" par le camp du président réélu Uhuru Kenyatta. 
Cette annonce faite dimanche par Raila Odinga a de quoi rendre anxieux les Kenyans. Les violences post-électorales ont déjà coûté la vie à 24 personnes, dont deux enfants, selon la Commission kenyane des droits humains.

Il y a 10 ans, les émeutes consécutives aux élections présidentielles avaient fait plus de 1000 morts, aujourd'hui encore, elles demeurent vives dans les esprits. C'est pourquoi il est peu probable que l'opposant de 72 ans prenne le risque d'appeler ses supporters à des manifestations publiques.

"Je ne crois pas qu'il va demander aux gens d'aller dans les rues. Il y a, dans les zones réputées proches d'Odinga, un tel dispositif militaire qu'il serait trop risqué d'appeler à des manifestations qui pourraient aboutir à des massacres. Je ne pense pas qu'un leader politique pourrait conduire ses sympathisants à une telle situation", rassure Samwel Mukira Mohochi, activiste des droits humains et directeur exécutif de l'International Commission of Jurists.    

Un boycott économique ? 

Si le risque d'une escalade de la violence est trop élevé en cas d'appel à la désobéissance civile, Raila Odinga pourrait appeler à une forme de boycott économique, de l'avis de Carole Angengo'o, avocate kenyane et spécicialiste de la résolution de conflits. 

"Je pense qu'il va appeler à un sabotage économique. Je crois aussi qu'il va demander à ce que les gens n'achètent pas des produits fabriqués par les personnes au pouvoir, car beaucoup d'usines appartiennent aux leaders au pouvoir. Voilà quelle pourrait être sa stratégie" , estime-t-elle. 

En attendant la politique que compte suivre Raila Odinga et ses sympathisants, le président élu a appelé lundi au calme et demandé à son rival de porter ses revendications devant la justice. Une éventualité que continue d'écarter l'opposition.