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RDC : des ex-rebelles pour pacifier l’est du pays

25 septembre 2020

Le président Félix Tshisekedi a dépêché d'anciens chefs rebelles dans la province de l’Ituri pour convaincre les groupes armés de déposer les armes.

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Ces anciens rebelles, tels que Germain Katanga et Floribert Ndjabu sont des ex-condamnés, qui ont purgé leurs peines pour des crimes de guerre. Le président Félix Tshisekedi veut donc se servir de leur expérience passée pour, espère-t-il, obtenir le désarmement des miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), une secte politico-militaire qui sévit dans la province de l’Ituri.

Si'il s'agit là d'un vœu pas encore réalisé, des premiers pas ont été effectués, assure l'ex-chef de guerre Floribert Ndjabu, chef de la délégation.

Floribert Ndjabu : "Ils acceptent de déposer les armes"

"Pour le moment, on ne les a pas désarmés. Mais ils acceptent de ne pas se battre avec les forces armées de la République et de ne pas s’attaquer aussi à la Police nationale non plus. Ils ont aussi accepté de laisser les humanitaires faire leur travail. Ils sont également prêts à aller au site de pré-cantonnement, ainsi qu'à passer au processus de DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion). Nous souhaitons qu’il y ait une harmonisation, que tous les acteurs, tous les partenaires puissent se mettre d’accord pour que cela puisse contribuer à la réussite définitive de ce programme-là", a expliqué Floribert Ndjabu à la DW.

La paix à tout prix

Cette initiative de paix a reçu du soutien. Ainsi, même s’il ne fait pas partie de la délégation officielle, l’ex-rebelle Thomas Lubanga Dyilo qui avait fondé en 2001 le mouvement rebelle Union des patriotes congolais, soutenue par l’Ouganda puis le Rwanda, vante les mérites de la mission.

Selon lui, "tout Congolais ayant du bon sens veut la paix. Sauf, bien sûr, ceux qui, pour des raisons qu’il est difficile de comprendre, sont en train de semer le désordre. Qui n’accepterait pas de servir une cause noble de paix ? Je sais toutefois que la situation à l’Est est très complexe. C’est au-delà de ces simples groupes armés dont on parle. Cela doit s’arrêter."

Conflit inter-ethnique

Sur le terrain, les miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco) ont pris les armes pour défendre la communauté Lendu, majoritairement composée d'agriculteurs, contre les exactions des Hema, vivant essentiellement de l’élevage et accusés d’être de connivence avec l’armée nationale. L’ancien maquisard Floribert Ndjabu, qui est un Lendu, prône désormais l’apaisement.

Jean-Jacques Wondo : "Ce type de démarche n’a jamais porté de résultats probants"

"Il reste quand même la grande partie qui est celle de la cohabitation pacifique, la cohabitation harmonieuse entre les Lendu et les Hema. Nous devons aussi travailler pour que les Hema et les Lendu puissent enlever la barrière psychologique ou sociologique et qu’ils puissent comprendre que tous deux sont faits pour vivre ensemble et sur un seul espace."

Cependant, Jean-Jacques Wondo, spécialiste en matière de défense et sécurité au Congo, émet quelques réserves par rapport à cette initiative. Il explique que la situation dans l’est de la RDC est la résultante de la situation que ce pays subit depuis 1996-1997. Il y a des acteurs internes et des acteurs externes. Ce type de démarche, même par le passé, n’a jamais porté de résultats probants.

Selon l’ONU, plus d'un millier de civils ont été massacrés depuis décembre 2017. Des civils Lendu affirment également avoir été victimes des représailles de l'armée.