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RDC : droits de l'Homme et élections, un mélange explosif

Paul Lorgerie
13 novembre 2023

Les menaces à l'encontre des défenseurs des droits de l'Homme sont monnaie courante dans le pays. Certains craignent qu'elles augmentent à l'approche des élections.

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Banderoles électorales non loin d'un entrepôt de la Ceni en feu (2018)
A l'approche des élections, le climat pour les défenseurs des droits de l'homme devient de plus en plus lourd en RDCImage : John Wessels/AFP/Getty Images

Parfois critiques du pouvoir en place, Jean-Claude Katende, président de la branche congolaise de l’Association africaine des droits de l’Homme (Asadho), a récemment fait les frais de son discours en recevant de nouvelles menaces. 

Dans un tweet du 7 novembre, le défenseur des droits de l’Homme, informe ses abonnés qu'il aurait recu plusieurs appels lors desquels il aurait été menacé de mort par des membres de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti de Félix Tshisekedi, à cause de ses interventions sur l’affaire Salomon Kalonda, conseiller du candidat Moïse Katumbi arrêté en juin dernier par les services de renseignements.  

Selon Jean-Claude Katende, le fait que des partisans du parti au pouvoir s’en prennent à lui, n’est en rien nouveau : "À deux reprises, le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, s’en est pris violemment à moi, lors de deux meetings entre juin et août de cette année", se désole Jean-Claude Katende. 

Changement de stratégie

A 2000 kilomètres de Kinshasa, Timothée Mbuya est avocat à Lubumbashi. Observateur des atteintes aux droits humains sur les sites miniers, ou sur les questions relatives aux conflits entre communautés bantous et pygmées ou encore des violences politiques à venir avec son ONG Justicia ASBL, il a été au coeur d’une tentative d’assassinat l’année dernière. Lui qui était régulièrement menacé sous l’ère Joseph Kabila, remarque pour autant que, les intimidations ne viennent plus forcément des partis politiques, mais des militants politiques eux-mêmes.  

"Nous recevons régulièrement des menaces. Mais les formes de menaces, les auteurs de ces menaces ont changé de stratégie. Les grandes menaces que nous recevons, nous ne les recevons plus des agents des services de sécurité ou des services de l’Etat comme l’ANR ou les autres services, observe l'avocat, mais bien plutôt de la part des militants de partis politiques. Nous recevons des injures, des menaces, des intimidations de la part de certains militants des partis politiques. Surtout de la part du parti au pouvoir." 

Risques accrus en période électorale 

Que cela soit Jean-Claude Katende ou encore Timothée Mbuya, les militants leurs reprocheraient d’être à la solde des partis de l’opposition pour déstabiliser le pouvoir. Ce dont se défend Monsieur Katende, qui dit craindre une augmentation des intimidations à l’approche des élections.  

"Ces menaces, pour toutes les personnes qui ne partagent pas le point de vue du parti au pouvoir, peuvent être exacerbées. Il est clair que nous qui allons dénoncer les dérapages lors de la campagne électorales, nous obtiendrons les mêmes menaces."

Pour autant, les deux défenseurs des droits de l’Homme assurent que cela ne les fera en rien taire, malgré le déroulement, le 20 décembre prochain, des élections générales dans le pays.