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RDC : des soldats congolais accusés d'exactions par l'Onu

29 avril 2022

Le Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l'homme accuse des militaires congolais d'au moins 231 violations des droits humains.

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Des soldats des FARDC en patrouille dans le village de Manzalaho, près de Béni (est)
Image : Alexis Huguet/AFP/Getty Images

La "note verbale" du Bureau conjoint des droits de l’homme des Nations unies en RDC adressée au ministère congolais de la Défense a fuité en début de semaine.

Elle a été consultée par nos confrères de l’Agence France Presse. Les exactions imputées aux Forces armées congolaises auraient été commises, selon l'ONU, en neuf mois dans la région du Nord-Kivu, sous état de siège, dans l'est du pays. "Exécutions, viols, tortures, pillages, abus sur des enfants, travail forcé" : les faits mentionnés par l'Onu sont graves. Ils se seraient déroulés dans le territoire de Masisi, situé dans le Nord-Kivu, dans l'est de la RDC, entre l'instauration de l'état de siège le 6 mai 2021 et le 9 février 2022.

"Les militaires doivent arrêter leurs abus" (Jean-Claude Katende)

 "Dans les villes comme Goma, Beni, Ituri, certains militaires s'adonnent à des abus qui ne sont pas acceptables. Il y a des citoyens qui ont été arrêtés, notamment les jeunes des mouvements citoyens. Certains politiciens ont aussi été arrêtés pour avoir critiqué tout simplement l'état de siège. Il faut que les militaires se conduisent avec un esprit de démocratie plutôt que de s'adonner à des abus de manière aussi généralisée comme c'est le cas maintenant", a réagi au micro de la DW Jean-Claude Katende, président de l'Association africaine de défense des droits de l'Homme.

Appel à une "action urgente"

Selon le Bureau conjoint, certaines des exactions répertoriées sont des "violations du droit international humanitaire, constitutives de crime de guerre".

C’est pourquoi, les Nations unies ont demandé au ministre de la défense de la RDC une "action urgente" contre le 3410e régiment des FARDC déployé dans le Masisi.  

Si ces informations sont avérées, la justice militaire fera son travail, rassure Lambert Mende Omalanga, président de la Convention des Congolais unis et député national membre de la coalition qui soutient le chef de l'Etat Félix Tshisekedi.

"La justice fera son travail" (Lambert Mende Omalanga)

À l'en croire, "les Nations unies coopèrent à ce que je sache très activement avec l'auditorat général des forces armées qui est le parquet militaire supérieur. J'apprécierais qu'elles puissent donner les informations à la justice et qu'elles nous disent si la justice n'a pas réagi. Je sais que la justice militaire est probablement une des institutions les plus proactives dans notre pays. C'est pourquoi, nous avons mis les régions sous état de siège. Parce que là, c'est la justice militaire qui opère, contrairement à la justice civile qui est un peu lente."

Une source onusienne jointe par la DW a confirmé l’existence de cette "note verbale" qui a bien été adressée au ministre de la Défense, Gilbert Kabanda. Cette même source confirme aussi les accusations de crimes qui y sont contenues.

Face à l'insécurité devenue endémique dans l’est de la RDC depuis un quart de siècle, le président Félix Tshisekedi a décrété l'état de siège dans deux provinces de l'est du pays frappées par la violence des groupes armés. Il s'agit de l’Ituri et du Nord-Kivu. La mesure est entrée en vigueur le 6 mai 2021.

Leur administration a été confiée à des officiers militaires et des policiers. Depuis son instauration, l’état de siège a été prorogé plusieurs fois.