1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Un calme trompeur prévaut dans le Kasaï

17 juillet 2018

Le Groupe d'étude sur le Congo a publié ce mardi un nouveau rapport sur la situation au Kasaï. Selon le rapport, bien que le conflit ait diminué d’intensité, la situation humanitaire et sécuritaire demeure préoccupante.

https://p.dw.com/p/31cgM
Angola Flüchtlingslager nahe Kakanda
Image : DW/N. Sul d'Angola

"Les racines du conflit n’ont pas été traitées" (Jason Stearns)

"Mettre le feu à sa propre maison: la crise au Kasaï, la manipulation du pouvoir coutumier et l'instrumentalisation du désordre ", c’est le titre d’un nouveau rapport publié ce mardi par le GEC, le Groupe d'étude sur le Congo. Selon le rapport, depuis août 2016, la région du Kasaï est en proie à une escalade de violence sur fond d’instrumentalisation politique et politicienne. Bien que le conflit dans le Kasaï ait diminué d’intensité, la situation humanitaire et sécuritaire demeure préoccupante.

Conséquence, en l'espace d'un an, 1,4 million de personnes ont été déplacées et des douzaines de milices armées ont été formées, dont ceux qu’on appelle Banamura et que l’ONU accuse d’être des supplétifs de l’armée congolaise. Selon le rapport, l'armée et la police ont ensuite aidé à mettre en place des milices rivales, soutenues aux niveaux national et provincial par des
politiciens. Ce qui fait dire à Jason Stearns, le directeur du Groupe d'étude sur le Congo et auteur de ce rapport, que "même le nom indique un soutien du gouvernement, parce que les Banamura, ça veut dire les jeunes formés à Mura qui est l'endroit où la garde Républicaine est formée en RDC. Donc, il y a des preuves aussi documentées par les Nations Unies que les Banamura ont un soutien de la garde Républicaine, de l'armée nationale. Certains politiciens au niveau provincial du Kasaï ont profité de la milice Banamura pour leurs propres fins politiques."

Les racines du conflit

Le rapport déplore aussi que les autorités congolaises ne se soient pas attaquées aux causes profondes de ce conflit. "Alors que l'insurrection, surnommée Kamuina Nsapu, était extrêmement brutale, la réponse militaire étroite et disproportionnée du gouvernement a aggravé la crise. Au lieu de chercher une solution négociée aux griefs d'un chef coutumier provocateur, les forces de sécurité l'ont tué, puis ont fait usage d’une brutalité extrême pour tuer des centaines de miliciens dépenaillés – des enfants pour la plupart munis d’armes rudimentaires - et de civils", explique Jason Stearns.


Selon Daniel Mbayi, député provincial du PPRD (pouvoir) de Kananga dans le Kasaï  "de manière générale, la circulation est revenue. Les gens travaillent. L'armée est en train de chercher à éradiquer ces groupes-là, mais ce sont des gens qui se déplacent, qui sont très mobiles. Mais de manière générale, le calme est revenu. Et la population et l'Etat, nous nous battons tous pour que des choses pareilles ne se reproduisent plus."

Le rapport du GEC, le Groupe d'étude sur le Congo, estime qu’il est difficile d'envisager une solution globale à ces défis, ou d'empêcher de nouvelles violences, sans aborder les dynamiques nationales.  C’est pourquoi il propose que le gouvernement congolais mette en place des initiatives, soutenues par des bailleurs de fonds, pour faire face aux conflits coutumiers et réformer les structures de pouvoir traditionnelles.  Conclusion de Jason Stearns : "peut-être le plus important est-il que les agents du gouvernement, notamment les officiers de l’armée, soient tenus de rendre des comptes pour avoir encouragé la violence ou fait un
usage disproportionné de la force pour la réprimer
".


C’est l’assassinat en août 2016 du chef coutumier, Kamwina Nsapu, qui a mis le feu aux poudres. Au départ, cela avait l’apparence d’un banal conflit coutumier. Depuis, les affrontements entre les Kamwina Nsapu et l’armée ont fait 3. 383 victimes, entre le 13 octobre 2016 et le 17 juin 2017, selon  l’Église catholique congolaise. De nombreuses fosses communes ont été également découvertes par des enquêteurs de l’ONU.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona