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Les habitants de Beni jugent l'état de siège inefficace

John Kanyunyu
4 juin 2021

Kinshasa prolonge de deux semaines l'état de siège dans le Nord Kivu et l'Ituri, malgré le scepticisme des populations.

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Malgré l'état de siège, les massacres de civils continuent dans l'est de la RDC
Image : Tom Peyre-Costa/NRC

L'Assemblée nationale de la RDC vient de voter une loi qui proroge de quinze jours l'état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.

Mais cette prorogation est mal accueillie par la population qui affirme que rien n’a changé depuis un mois que cet état de siège est en vigueur.

En effet, les attaques contre les civils se poursuivent en dépit des pouvoirs supplémentaires accordés aux autorités militaires.

Ecoutez notre reportage à Beni

A Beni par exemple, les réactions critiquant cette prolongation n’ont pas tardé. Il est en effet reproché aux députés d'avoir voté cette loi sans avoir évalué les actions concrètes conduites jusqu’alors par les gouverneurs militaires sur terrain.

Car depuis que l'état de siège a été décrété, les attaques rebelles se sont intensifiées, causant la mort d'une centaine de civils en Ituri et dans le Nord-Kivu. 

Les attaques se poursuivent

Ces habitants de Beni ont brisé le silence et se sont ainsi exprimés sur la gestion des gouverneurs militaires.

"Tout un mois écoulé sans que ces autorités ne fassent quelque chose de palpable car les massacres se sont intensifiés", explique cet homme. Un autre habitant note que "durant un mois, le gouverneur militaire n'a même pas mis les pieds à Beni. Je voudrais le voir à Beni parce que c'est ici où l'on assiste aux massacres et la situation sécuritaire se détériore davantage."

Les attaques terroristes des rebelles ADF s’en prennent directement aux populations civiles ainsi qu’aux communautés pygmées. 

Cette semaine, deux femmes pygmées ont été tuées et plusieurs d'entre elles blessées à Mayimoya, dans le groupement Bambuba Kisiki, en territoire de Beni. 

"Nous passons des moments très difficiles"

Ces nouveaux meurtres en plein état de siège sont condamnés par le notable pygmée Jean-Pierre Alinga. Il rappelle que "les blessées par machette sont prises en charge ici à l'hôpital général d'Oicha. Nous ne comprenons plus rien. Même nous, les pygmées, passons des moments très difficiles ici, ensemble avec nos frères bantous et nous ne savons plus que faire."

La prorogation de l'état de siège a eu lieu après l'entrée en fonction du nouveau commandant du secteur opérationnel Sokola1 grand nord, le général Mputela Bertin, qui a pour mission de neutraliser des groupes armés actifs dans la région, à commencer par les ADF. 

Ce qu'attend la population, c'est le retour de la paix et la fin des massacres, afin notamment que les cultivateurs puissent retourner dans leurs champs abandonnés entre les mains des ADF.