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Manifestations contre les diplomates étrangers à Kinshasa

Jean Noel Ba-Mweze
12 février 2024

Depuis samedi, des manifestants ciblent des représentations diplomatiques et des organisations internationales en RDC. Ils les accusent de soutenir le Rwanda, soupçonné d'appuyer les rebelles du M23,

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Vue aérienne de l'ambassade des Etats-Unis à Kinshasa (RDC) - archive de 2023
Le mécontentement des manifestants se cristallise autour de l'ambassade des Etats-Unis à Kinshasa Image : Dirke Köpp/DW

La situation reste tendue à Kinshasa où, depuis samedi, des manifestants ciblent des représentations diplomatiques et des organisations internationales. Ils accusent les Etats qu'ils représentent de soutenir le Rwanda, lui-même soupçonné d'appuyer les rebelles du M23, engagés dans des combats contre l'armée congolaise dans la province du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo.

La police a dispersé ce lundi les manifestants. Les autorités congolaises tentent de calmer les tensions et de garantir la sécurité des diplomates étrangers et du personnel international présents dans la capitale.

Le vice-Premier ministre, Christophe Lutundula, a par ailleurs rencontré ce dimanche la cheffe de la Monusco, Bintou Keita, ainsi que des diplomates des ambassades occidentales visées par les manifestants.

"Ils ont tué Lumumba"

Des dizaines de manifestants en colère se sont réunis devant l'ambassade des Etats-Unis, où ils ont été dispersés par la police.

Les activités ont tourné au ralenti ce lundi suite à ces rassemblements.

Les manifestants, en majorité des conducteurs des taxi-motos, exigent des pays occidentaux qu'ils exercent une pression sur le Rwanda, afin que Kigali cesse de soutenir le M23 dans le Nord-Kivu, comme l'explique Jacques Kasokosa, un des manifestants.

"Ils ont tué Lumumba. Ils ont tué Laurent-Desiré Kabila, s'agace-t-il. Cette fois-ci, ils ne tueront pas Félix Tshisekedi parce qu'il est de notre côté pour libérer notre pays contre l'hégémonie. L'Amérique ce sont des partenaires hypocrites. A partir d'aujourd'hui, nous disons non."

Manifestation de jeunes motos-taxis devant l'ambassade américaine de Kinshasa (le 12 février 2024)
Ce sont surtout des jeunes et des motos-taxis qui ont protesté devant l'ambassade américaine de KinshasaImage : Jean-Noël Ba Mweze/DW

La jeunesse en colère

La libération de la République démocratique du Congo ne serait pas l'affaire du gouvernement mais de la jeunesse congolaise. C'est du moins ce qu'estime Gaël Mbaya, un autre manifestant : 

"Nous allons libérer ce pays. Nous-mêmes, la jeunesse, nous allons le libérer. Ce n'est pas une histoire de gouvernement. C'est le peuple qui a dit aujourd'hui qu'on va libérer ce pays. C'est la jeunesse. Nous n'allons pas trahir Kimbangu. Nous n'allons pas trahir Lumumba. Durant plusieurs décennies, nous avons collaboré avec l'Union et européenne et les Etats-Unis. Mais c'est inutile de garder des relations avec eux."

Protection des diplomates et personnel étranger

Le gouvernement congolais a condamné les violences et rassuré les diplomates quant à leur protection. A l'issue d'une rencontre d'urgence qui a réuni, samedi dans la soirée, la police nationale et les services de sécurité, Peter Kazadi, vice-Premier ministre de l'Intérieur, a annoncé une enquête pour faire la lumière sur ces incidents.

"Nous tenons donc à rappeler que les installations des diplomates étrangers, du personnel de la Monusco sont inviolables. Le gouvernement de la République ne peut pas accepter que nos citoyens s'attaquent à ce corps qui est protégé par le droit international."

Parmi les ambassades ciblées figurent celle des Etats-Unis, de la France, de la Grande Bretagne et les installations de la mission des Nations unies, la Monusco. La sécurité est renforcée dans les différentes ambassades où un dispositif policier inhabituel est déployé depuis le week-end dernier.