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Gisements de pétrole : "les choix appartiennent à la RDC"

Jean Noel Ba-Mweze | Dirke Köpp
24 novembre 2021

La RDC a récemment découvert des gisements de pétrole dans le parc national des Virunga, mais aussi à Luki dans le Congo central et dans l’Equateur. Faut-il exploiter ces ressources ou agir pour le climat ?

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Eve Bazaiba ne veut pas que la RDC se sacrifie pour le reste du monde sans compensation
Image : Eve Bazaiba/Twitter

La ministre congolaise de l’Environnement, Eve Bazaiba, est partagée entre l’exploitation de ces gisements de pétrole et la lutte contre le changement climatique. Pour elle, la communauté internationale doit apporter une réponse au manque à gagner économique et social. Voici ce qu'elle a répondu à la DW à propos de l'exploitation des gisements de pétrole. 


Eve Bazaiba : Les choix appartiennent à la République démocratique du Congo. Nous allons protéger l'environnement pour l'intérêt du monde, de l'humanité, comme je l'ai dit, et c'est évidemment aussi notre propre intérêt. Mais le Congo se trouve dans un dilemme de dire : le pétrole, c'est le baromètre de l'économie, quand vous avez un accès difficile au pétrole, le prix des services et des biens montent. C'est le coût de la vie qui monte. Mais quand vous avez l'accès facile au pétrole, ce sont les coûts des services et des biens qui baissent et la population a accès à un minimum vital. 

Ecoutez l'interview de Eve Bazaiba...

Nous avons les ressources du sol et du sous-sol. C'est là qu’il y a des négociations avec la communauté internationale pour dire : devrions-nous, la RDC, nous sacrifier à ne pas exploiter notre pétrole pour les besoins de la protection de l'environnement ? En échange de quoi ? Parce que quand nous protégeons cet environnement, cela ne servira pas seulement au Congo, cela servira à l'humanité pour capter les pollutions, préserver la biodiversité. 

S’il y a une réponse, nous la mettrons sur la balance et nous dirons : pétrole, reste dans le sous-sol. Nous avons d'autres fonds, nous avons l'alternative de notre survie. Mais s’il n'y a pas cette alternative, on ne peut pas observer le pétrole comme des poissons dans l'aquarium. Nous sommes en train de parler avec les partenaires internationaux, avec tous les partenaires au développement technique et financier. 

DW : Et l’énergie solaire ne pourrait pas faire l'affaire au Congo ? Contre le pétrole ? 

Eve Bazaiba : Oui, mais justement, je vous ai dit l'alternative. L'alternative, c'est quoi ? Nous avons d'abord les centrales hydroélectriques d'Inga, où nous demandons de tous nos vœux que tous les fonds pour lutter contre le réchauffement climatique soient financé à Inga. Inga va booster la desserte en électricité. On n'aura pas besoin nécessairement du pétrole. 

Deuxièmement, nous disons que le soleil nous passe par-dessus la tête. Nous avons besoin de beaucoup de technologie et d'expertise pour que nous puissions développer l'énergie photovoltaïque. 
Troisièmement, nous avons besoin des technologies et de l'expertise pour développer l'énergie de la biomasse. Et aussi, nous avons besoin de la technologie et de l'expertise pour la transformation locale de nos ressources stratégiques, minerais stratégiques, qui nous amènent à la transition écologique au lieu d'utiliser le pétrole, donc le carburant, l'essence et le gazole dans le véhicule.... mais si nous utilisons des voitures électriques, ça nécessite une transformation locale.

L'un des gisements a été découvert dans le parc national des Virunga
L'un des gisements a été découvert dans le parc national des VirungaImage : WWF/Brent Stirton

Nous avons la panoplie de tous ces procédés pour nous amener à la transition écologique. Nous avons beaucoup de tours dans nos manches, mais ça nécessite l'expertise, la technologie et cela équivaut à des moyens.

Pour écouter encore plus de l'interview avec Eve Bazaiba, cliquez ici :.  

"Le principe du pollueur-payeur devra s'appliquer"

A (re)lire également : RDC : le parc des Virunga au cœur de la boulimie des groupes armés