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RDC : lundi matin calme après un dimanche violent

La rédaction francophone
26 février 2018

Les manifestations ce dimanche (25.02.) contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila ont encore été réprimées par les services de sécurité. Diverses sources parlent d'au moins deux morts dans tout le pays.

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Kongo tödliche Proteste gegen Kabila
Image : picture alliance/AP Photo/J. Bompengo

Le calme est revenu ce lundi matin en RDC. Les enfants ont repris le chemin de l'école, la circulation est normale. Le contraste par rapport au week-end est saisissant. Dimanche, la capitale Kinshasa et d'autres villes avaient des odeurs de gaz layrymogènes. À l'appel du Comité laïc de coordination (CLC), un collectif d'intellectuels proche de l'Église catholique, de nombreux Congolais sont descendus dans les rues pour la troisième fois en deux mois, après avoir participé aux célébrations religieuses du dimanche. Mais comme par le passé, ils se sont heurtés aux forces de l'ordre.

DR Kongo Präsident Kabila einigt sich mit Opposition
Image : Getty Images/AFP/J. D. Kannah

Le bilan est lourd

"Nous avons enregistré un mort à Kinshasa qui est certifié et plusieurs blessés" dans le pays, a déclaré à l'Agence France Presse (AFP) l'abbé Donatien Nshole, porte-parole de la Conférence épiscopale nationale du Congo. D'après les organisateurs de la manifestation, il y a eu trois morts dont deux à Kinshasa et un à Mbandaka. Le site d'informations en ligne "actualite.cd" évoque deux morts par balles à l'église Saint François-Xavier de Masina dont l'un fêtait ce dimanche (25.02.) ses 21 ans.

Un agent "a tiré sur mon frère à bout portant dans l'enceinte de la paroisse Saint-Benoît (centre). J'étais près de mon frère", a expliqué le frère de Rossy Mukendi Tshimanga, un jeune activiste d'un mouvement citoyen "Collectif 2016". Le directeur de l'hôpital Saint-Joseph de Kinshasa indique que l'activiste "a reçu une balle à la poitrine".

Violences ailleurs dans le pays

A Kisangani, dans le nord-est du pays, des centaines de fidèles qui sortaient de messe ont commencé à marcher avant d'être dispersés par les forces de sécurité qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et tiré à balles réelles, blessant deux personnes, selon un correspondant de l'AFP. Dans plusieurs villes, les marches ont été étouffées par les forces de sécurité qui se sont déployées massivement devant toutes les églises catholiques. C'est le cas à Kikwit (sud-ouest), à Goma (est), tandis qu'à Bukavu (est), toute tentative d'attroupement a été systématiquement dispersée à coup de gaz lacrymogène. A Lubumbashi, deuxième ville du pays dans le sud-est, la police avait été déployée en masse, parfois très tôt le matin. Des jeunes ont brûlé des pneus dans les rues avant d'être dispersés par la police anti-émeute. 

Kongo Kinshasa Unruhen wegen Präsident Kabila
Image : picture-alliance/AP Photo/J. Bompengo

Ce dimanche aussi, l'internet a été coupé dans le pays. Les SMS et le système de messagerie WhatsApp ont été suspendus brusquement après la sortie des messes. Tout semble revenu à la normal ce matin. 

Objectif raté ?

A Kinshasa où la marche du CLC n'a pas été autorisée, la police s'était donnée pour objectif de faire "zéro mort".

"Nous sommes ici pour assurer la sécurité de nos populations" a notamment déclaré le Général Sylvano Kasongo Kitenge à la veille de la journé de manifestation. "J'ai dit aux policiers de ne pas tirer sur la population ou sur des civils non armés. Nous n'avons pas le droit de tirer sur les gens avec des balles réelles. Ils sont nos compatriotes", a notamment laissé entendre le chef de la police.

Le CLC, un collectif d'intellectuels proche de l'Église catholique demande à Joseph Kabila de dire publiquement qu'il ne sera pas candidat aux élections prévues le 23 décembre 2018. Le CLC a reçu le soutien de 85 intellectuels francophones africains.

Un calme apparent régnait dans l'après-midi à Kinshasa où des journalistes de l'AFP signalent avoir vu le Premier ministre congolais Bruno Tshibala faire la ronde de quelques quartiers de la capitale, distribuant des billets de 100 dollars aux habitants.