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Regain de violence au Nigéria

24 juin 2011

Les journaux tournent d'abord leurs regards vers le Nigéria. C'est pour revenir sur l'attentat suicide perpétré contre le quartier général de la police fédérale, à Abuja.

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Commissariat de police incendié à MaiduguriImage : DW

Cet attentat a fait huit morts, des dizaines de blessés et il inspire ce titre à die tageszeitung "Touché - la police nigérianne baisse le ton". Les policiers nigérians, note le journal, n'ont pas l'habitude de se taire. Ils sont bruyants, exigeants et aiment rappeler à l'ordre. Dans leurs uniformes noirs ils veulent inspirer la peur et aussi encaisser de l'argent. A présent ils sont muets. Car ils ont précisément été touchés là où ils s'y attendaient le moins - sur le parking du QG de la police à Abuja, la capitale. La secte islamiste Boko Haram a revendiqué l'attentat, poursuit le journal, et personne ne s'en étonne. Ce groupe, qui a son fief à Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno dans le nord-est du Nigéria, est considéré aujourd'hui comme le risque majeur pour la sécurité du Nigéria. Il a supplanté depuis longtemps les rebelles du delta du Niger. Et depuis les élections du mois d'avril il frappe de toutes ses forces.

Somalia Kämpfe in Mogadishu AU Panzer
Patrouille de la force de paix de l'Union africaine à MogadiscioImage : AP

Somaliens réfugiés au Kenya

La presse allemande ne parle plus très souvent de la Somalie. Elle l'évoque cette semaine à travers un article sur un camp de réfugiés au Kenya. C'est le camp de Dadaab. Comme l'écrit la Berliner Zeitung, à Dadaab, le plus grand camp de réfugiés d'Afrique, et peut-être même du monde, chacun a une histoire horrible à raconter. Abdi Yerow par exemple, un homme de 55 ans, qui se déplace difficilement en s'appuyant sur un long bâton et qui montre son pied droit invalide. "Ce sont les shebaab" dit-il. Abdi Yerow était paysan en Somalie. Il cultivait du tabac. Les fondamentalistes l'ont averti: le tabac est un outil du diable, il fallait qu'il cesse d'en cultiver. Mais il a continué, et était lui-même fumeur. Alors les shebaab lui ont tiré dans le pied droit. 10 000 personnes arrivent tous les mois à Dadaab, poursuit le journal, elles n'apportent avec elles que les vêtements qu'elles ont sur le dos, et le vague espoir de rentrer un jour ou l'autre dans leur pays dévasté par la guerre civile. Comme l'explique un employé du HCR, le camp était prévu au départ pour 90 000 personnes. Il en abrite à présent plus de 360 000 et a cessé depuis longtemps d'être un camp. C'est devenu, par la taille, la troisième ville du Kenya. Probablement aussi la plus dangereuse.

Tochter von Emily Flüchtlinge aus Simbabwe in Südafrika Simbabwer fürchten Gewalt
Réfugiée zimbabwéenne en Afrique du sudImage : DW/Anna Kuhn-Osius

Feu sur les étrangers

L'Afrique du sud connait ces temps-ci une nouvelle flambée de violence xénophobe - elle touche, comme toujours, des quartiers pauvres, et elle inquiète la presse allemande. La peur s'est de nouveau installée dans les townships sud-africains, écrit die tageszeitung. La situation n'avait plus été aussi tendue depuis qu'une soixantaine de migrants avaient été tués par leurs voisins sud-africains il y a trois ans, et leurs maisons incendiées. La semaine dernière, relate le journal, un Zimbabwéen, Godfrey Sibanda, a été lapidé à mort dans le township de Seshego dans la ville de Polokwane. Il aurait violé et tué une petite fille. Mais la police n'en a aucune preuve. Une foule de 200 personnes a ensuite mis le feu à des maisons d'étrangers. Plus de 3 000 Zimbabwéens ont pris la fuite. Selon le porte-parole du HCR sur place, Sanda Kimbimbi, 200 000 demandes de permis de séjour ont été déposées par des réfugiés et des demandeurs d'asile. C'est le chiffre le plus élevé au monde. 80% des demandeurs sont Zimbabwéens. Et Sanda Kimbimbi, lit-on plus loin, s'inquiète de la persistance de la xénophobie, car,souligne-t-il, le traitement des demandes de permis de séjour dure une éternité, la justice travaille lentement, et le sentiment domine que l'on peut s'en prendre aux étrangers sans être puni.

Madagaskar Deutsches Projekt gegen Unterernährung
Projet allemand contre la sous-alimentation à MadagascarImage : picture-alliance/ dpa

Une esclave pour 2 830 euros

L'impunité, elle persiste aussi pour les marchands d'esclaves. La presse dénonce cette semaine l'exploitation des jeunes femmes malgaches envoyées comme domestiques au Liban. Une esclave pour 2 830 euros, titre le quotidien Die Welt. C'est ce qu'a encaissé l'agence de placement qui a envoyé Manola Rajaonarison à Beyrouth. Le journal relate l'histoire de cette Malgache de 20 ans. Pour elle et pour beaucoup de jeunes filles de son âge le voyage au Liban a été le début d'un martyre. Elles sont 7 000 Malgaches, note die Welt, à travailler actuellement comme domestiques au Liban. Elles ont fui la misère, car depuis le coup d'Etat de mars 2009, le pourcentage de Malgaches qui doivent vivre avec moins d'un dollar par jour est passé de 67 à 76%. Manola raconte qu'elle devait travailler de 5h00 du matin jusqu'à 2h00 du matin le jour suivant. Malade ou pas. Très vite elle a été battue, et aussi abusée sexuellement par le chef de famille. Mais Manola a quand même eu de la chance. Grâce à une association de travailleurs sociaux malgaches, appuyée par l'UNICEF, elle a été rapatriée au bout de huit mois. Elles étaient 86 dans l'avion, écrit le journal, 86 vivantes, mais il y avait aussi douze cadavres.

Tripolis Libyen Mai 2011
Photo prise lors d'une visite guidée organisée pour la presse étrangère à TripoliImage : AP

L'endroit le plus sûr de Tripoli

Enfin un article paru dans la Süddeutsche Zeitung décrit le quotidien des journalistes étrangers présents à Tripoli. Ils sont tous casernés à l'hôtel Rixos, comme hôtes payants, écrit le journal, comme otages de Kadhafi. D'une certaine manière c'est sans doute l'endroit le plus sûr de Tripoli. L'OTAN sait que tous les médias étrangers y sont logés, ce qui en fait l'une des cibles les plus improbables. Le porte-parole du gouvernement y vit avec femme et enfants. Certains disent que le guide lui-même se cache dans les catacombes sous l'hôtel. Mais poursuit le journal, tout le monde se demande pendant combien de temps encore Kadhafi aura besoin des médias. Et qu'arrivera-t-il quand il n'en aura plus besoin?

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum