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Retour de la peur à Mogadiscio

Marie-Ange Pioerron19 avril 2013

La Somalie attire à nouveau l'intérêt de la presse allemande. Deux sanglantes attaques ont fait une trentaine de morts le week-end du 13/14 avril à Mogadiscio.

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Attentat à Mogadiscio, 14 avril 2013Image : picture-alliance/dpa

Ces attentats ont été revendiqués par les milices islamistes al-schabaab et, comme le note la Süddeutsche Zeitung, ils ont donné un sérieux coup d'arrêt à l'optimisme prudent qui émanait depuis peu de temps de la capitale somalienne. Le message était clair: que le gouvernement somalien, et ceux qui font cause commune avec lui dans la reconstruction du pays aillent au diable. La série d'attaques de dimanche a été l'une des plus violentes à Mogadiscio depuis que les troupes de l'Union africaine ont chassé les milices al shabaab en août 2011. Depuis, les nouvelles positives en provenance de la capitale de ce pays déchiré par la guerre civile se multipliaient. Si les shabaab contrôlent toujours de vastes régions du centre et du sud de la Somalie, la situation sécuritaire à Mogadiscio s'est améliorée. De plus en plus de Somaliens en exil en Europe et en Amérique rentrent pour participer à la reconstruction de leur pays. Avec cette nouvelle série d'attentats, la peur est revenue, souligne le journal.

African Union Mission in Somalia
Mission de l'Union africaine en SomalieImage : picture-alliance/dpa

Ce climat de peur, il est décrit dans l'hebdomadaire die Zeit par un journaliste somalien, Abdalle Ahmed Mumin. Il raconte comment, tout jeune déjà, il voulait devenir journaliste. Cela fait 13 ans maintenant qu'il exerce ce métier et dès le début, écrit-il, j'étais décidé à parler de la corruption, mais parfois je me tais, pour ma propre sécurité. Il est pratiquement impossible en Somalie, poursuit -il, de parler ouvertement de meurtres ou d'autres activités criminelles des chefs de guerre. Par peur des actes de vengeance. Sans cesse je reçois des appels anonymes. Et Il détaille un peu plus loin quelques-unes des règles qu'il s'est imposées: par exemple, lit-on sous sa plume, j'essaie de ne travailler au bureau qu'entre 8 heures et 16 heures. La plupart des journalistes sont assassinés le soir ou en fin d'après-midi. A l'exception de ma femme je ne dis à personne quand je rentre à la maison. En cours de route je ne réponds à aucun appel téléphonique, parfois je ferme mon portable. Et une fois à la maison je n'en sors plus, pas même pour aller à la mosquée qui n'est qu'à 30 mètres.

Putschversuch António Indjai Guinea-Bissau
Après une tentative de couü d'Etat en octobre 2012 à BissauImage : DW

Barons de la drogue en Afrique de l'ouest

Le trafic de drogue en Afrique de l'ouest est un autre sujet qui inspire cette semaine la presse allemande. Tout d'abord avec l'arrestation de l'ancien chef d'état major de la marine bissau-guinéenne. L'opération a eu lieu en haute mer, et a été spectaculaire, lit-on dans la Berliner Zeitung, qui relate donc l'arrestation au large du Cap Vert de l'amiral José Américo Na Tchuto par des hommes de l'agence américaine anti-drogue. Il a été transféré entre-temps à New York où il doit être jugé avec six complices. L'affaire, souligne le journal, se corse un peu plus car il se pourrait que le chef de l'Etat bissau-guinéen, Manuel Serifo Nhamadjo, soit impliqué lui aussi dans le trafic de drogue. Nhamadjo était la semaine passée en Allemagne pour des examens médicaux. Mais il n'avait rien à craindre. Aucun mandat d'arrêt international, a-t-on fait savoir à Berlin n'a été délivré contre ce chef d'Etat mis en place il y a un an après un coup d'Etat, et non reconnu par l'Union européenne. La Guinée Bissau rappelle le journal, est considérée depuis un certain temps déjà comme un narco-Etat.

Amadou Toumani Toure Präsident von Mali
Amadou Toumani Touré du temps où il était président du MaliImage : AP

Le Mali talonne de près la Guinée-Bissau comme plaque tournante du trafic de drogue. Les consommateurs de cocaïne en Europe ne sont peut-être pas encore au courant, écrit la Süddeutsche Zeitung: le maire de Tarkint, dans le nord du Mali, a été arrêté. Cela vaut la peine de divulguer l'information car Baba Ould Cheikh n'est pas n'importe quel maire d'une petite ville malienne. C'est à l'évidence un personnage clé dans le trafic de cocaïne entre l'Amérique latine et l'Europe. Dans le nord du Mali en tout cas il est connu bien au-delà de Tarkint. Il est connu aussi pour ses liens avec les islamistes, poursuit le journal. Par trois fois au moins il est intervenu comme médiateur entre le gouvernement malien et des terroristes islamistes pour négocier la libération d'otages européens. L'ancien président Amadou Toumani Touré, renversé en mars de l'année dernière et soupçonné, de son temps, de s'enrichir royalement sur le commerce de cocaïne, l'aurait surnommé "mon bandit". L'arrestation de Baba Ould Cheikh, souligne le journal, met en lumière les imbrications entre terrorisme islamiste, trafic de cocaïne et milieux gouvernementaux dans le nord du Mali.

Zentralafrikanische Republik Seleka Rebellen April 2013
Dans les rue de Bangui, 4 avril 2013Image : AFP/Getty Images

Chaos à Bangui

die tageszeitung est l'un des rares journaux allemands, pour ne pas dire le seul, à parler de la Centrafrique. Dans son édition du 17 avril, elle évoque le climat d'anarchie et d'insécurité qui règne à Bangui. Les nouveaux dirigeants ne parviennent pas à contrôler la situation. Le HCR, note le journal, a sonné l'alarme et demandé à la Séléka, l'ex-rébellion, de mettre un terme aux violences contre les civils.