Retour sur un week-end électoral
8 mars 2010
La tageszeitung se place du côté des Islandais et salue une "décision sage" : toute autre décision aurait conduit à la ruine de l'Islande. Il est déjà assez déplorable que Londres et La Haye aient dû dédommagé les clients britanniques et néerlandais d'Icesave après la faillite de la banque il y a deux ans. Au nom de quoi un Etat doit-il payer les pots cassés pour des investisseurs téméraires qui ont mis en jeu leur capital dans l'espoir de recevoir des dividendes exhorbitants ? Réclamer l'argent de la spéculation à chaque Islandais défie toute logique capitaliste, estime la taz.
La Süddeutsche Zeitung est certaine que les Islandais finiront par payer la dette d'Icesave. Pour une raison bien simple : on ne peut pas laisser l'argent de centaines de milliers de comptes en banque s'évaporer dans la nature. Si on offre à l'Islande ces quelque quatre milliards d'euros, la confiance dans le système financier européen et dans la circulation de capitaux risquent d'en être ébranlées. Ce n'est ni dans l'intérêt de l'Europe, ni dans celui de l'Islande, estime le quotidien.
Le journal publie par ailleurs en première page une photo d'un électeur irakien sur son vélo en marche, le doigt plein d'encre brandi vers le ciel, plusieurs drapeaux du pays flottant au gré du vent : "Les Irakiens ont bravé le terrorisme", titre la Süddeutsche Zeitung en hommage à ces électeurs qui ont risqué leur vie pour aller voter ce dimanche.
Des doigts violets, on en voit aussi plusieurs en Une de Die Welt, qui a choisi de montrer des électrices. Les fanatiques du réseau terroriste al-Qaïda sont les grands perdants de cette élection, écrit le journal. Ils n'ont pas réussi à empêcher les Irakiens de déposer leur bulletin pour un nouvel Irak, démocratique et libre. Malgré les trop nombreuses pertes humaines, la journée d'hier a fait avancer le pays sur cette voie rocailleuse car les Sunnites ont eux aussi participé au scrutin, contrairement à celui de 2005. Leur intégration au processus politique est essentielle, estime Die Welt.
A noter également que tous les journaux consacrent, évidemment, une partie de leur édition à la Journée internationale des Femmes. Plus ou moins en détails d'ailleurs et surtout, avec des angles tout à fait différents : la Frankfurter Allgemeine Zeitung, par exemple, laisse la parole à la secrétaire générale d'Amnesty International sur la place des femmes dans la stratégie allemande en Afghanistan... un sujet qui peine d'ailleurs à trouver sa place dans le quotidien puisqu'il occupe à peine un quart de la page deux. A l'autre extrême, la tageszeitung consacre douze pages de son édition non pas aux femmes, mais... aux hommes !
Auteur : Anne Le Touzé
Edition : Audrey Parmentier