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Revue de presse

Sandrine Blanchard28 octobre 2003
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Pendant plus de trois heures, on a assisté hier à Munich à une discussion qui a fait sensation : Michael Sommer, le chef du Deutscher Gewerkschaftsbund, qui est la principale organisation syndicale d'Allemagne, a rencontré Edmund Stoiber, le chef de file du parti conservateur bavarois, la CSU. Deux hommes dont les idées sont a priori radicalement opposées. Et pourtant, ils comptent s'allier, pour faire des propositions communes, dans le cadre de la réforme du système de santé. Au profit des assurés sociaux. Cette première rencontre fait les choux gras de la presse de ce matin.

Non à la cotisation forfaitaire à la sécurité sociale. Non en général aux propositions de la commission Herzog, approuvées par le SPD et la CDU. Oui par contre à plus de concurrence dans le système de santé. C'est comme ça que le Kölner-Stadt-Anzeiger résume le concept commun que le DGB et la CSU veulent mettre sur pieds. Le quotidien de Cologne estime qu'il s'agit là du « grand art de la négociation » : ou comment se liguer à deux contre un tiers absent, afin de tirer chacun ses épingles du jeu. Croque en jambe au chancelier de la part du DGB, et tactique de retour sur le devant de la scène pour le leader bavarois, en faisant en pied de nez au passage à sa grande sœur de la CDU.

La Frankfruter Rundschau met essentiellement l'accent sur les divergences entre les deux interlocuteurs. Des divergences importantes, notamment en ce qui concerne la réforme du marché du travail. Si Edmund Stoiber est par exemple partisan d'un assouplissement du mode de licenciement et d'encore plus de flexibilité, difficile pour lui de persuader le chef syndicaliste de le soutenir dans cette voie. D'ailleurs le journal rapporte la mise au point de Michael Sommer : « Il ne s'agit pas du début d'une longue et belle amitié ».

Die Welt comme la Frankfurter Allgemeine Zeitung reviennent elles aussi sur les points de désaccord. Notamment sur la proposition du DGB, qui ne récolte qu'un refus catégorique de la CSU, d'instaurer un système de cotisation « citoyen » calculé sur la base des revenus réels des assurés sociaux. C'est-à-dire non seulement sur le salaire mais également sur les rentes ou autres revenus issus de placements financiers. Pas vraiment une bonne idée de l'avis de la CSU, même si, comme le souligne Die Welt, Edmund Stoiber aime bien rappeler ces derniers temps que le « S » de CSU signifie « social ».

La Süddeutsche Zeitung explique quant à elle ces négociations par le fossé qui s'est creusé ces dernières années entre les sociaux-démocrates et les syndicats, pourtant alliés traditionnels. Boudé par le gouvernement, le DGB se tourne donc vers son ennemi politique : les conservateurs. Et le quotidien munichois de comparer Michael Sommer à un jongleur, qui ne joue plus seulement avec des balles rouges, la couleur historique de la contestation, mais désormais aussi avec des balles noires, la couleur du conservatisme. Et finalement, raille la Süddeutsche Zeitung, ce dialogue entamé entre DGB et CSU arrange tout le monde : le syndicaliste tente de se refaire une santé et Edmund Stoiber enfile une casquette qu'il affectionne, celle du héraut des causes justes, proche des petites gens. Et pour finir, le journal se demande si le jeu qui vient de commencer avec les conservateurs bavarois amusera vraiment longtemps la base militante du syndicat.