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Tillerson rencontre Deby à N'Djamena

Blaise Dariustone
12 mars 2018

Au centre des discussions : le différend diplomatique entre les Etats unis et le Tchad qui a été placé sur la liste noire des sept pays dont les ressortissants sont interdits de voyage aux États-Unis.

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Äthiopien Rex Tillerson
Image : Reuters/J. Ernst

La détérioration des relations diplomatiques entre le Tchad et les États Unis remonte à octobre 2017 quand le gouvernement de Donald Trump a inscrit le Tchad sur la liste noire des pays dont les ressortissants sont interdits d’entrer aux États-Unis.

Une coalition d'organisations de la société civile réputée proche du pouvoir tchadien, dénommée "Touche pas à mes acquis", avait organisé une manifestation contre les États-Unis à cette époque. 

"Nous pensons qu’à travers cette visite, il va y avoir un dénouement heureux de cette crise et que les relations avec les Etats-Unis vont reprendre normalement. C’est l’occasion ou jamais pour que les Etats-Unis puissent revoir leur diplomatie. Il faut une diplomatie américaine apaisée, éviter des sorties à l’emporte-pièce, dans la mesure où le Tchad compte beaucoup sur les États Unis", explique Mahamat Dingadimbaye, le coordonnateur de cette coalition. Pour lui, la visite de Rex Tillerson au Tchad est un pas dans la bonne direction.
 

Déficit d'informations

L’administration Trump reproche au président Deby le manque de partage d’informations sur la sécurité. Mais aussi de délivrer des documents de voyage à des étrangers suspects. "Mais comment  peut-on donner à des sociétés privées la gestion de nos documents de sécurité comme les passeports ou cartes d’identité ? Un commerçant fait des affaires mais ceci relève du domaine de la sécurité de l’État. Donc sur ce point je crois qu’ils ont raison. Mais je crois que depuis, le gouvernement a rectifié le tir en reprenant la délivrance de ces documents au niveau de l’Etat. Donc j'ai beaucoup d’espoir que nous soyons retirés de cette liste", estime Abderamane Djasnabaye, ambassadeur de la paix de la Francophonie auprès du Tchad. Selon lui, les accusations de l'administration Trump sont fondées. 

Autre pomme de discorde entre N’Djamena et Washington

Il s'agit de l’implication par la justice américaine du président Deby, de son homologue ougandais Yoweri Museveni ainsi que de l’ex-chef de la diplomatie sénégalaise, Cheick Tidiane Gadio, dans une histoire de corruption aux Etats-Unis. 

"Les renseignements américains ont suffisamment de choses à reprocher au régime tchadien. Donc il faut que Rex Tillerson puisse dire la vérité pour que la face de ce régime soit connue de tous et que les Tchadiens sortent de ce gouffre. Parce que ça fait plus d’un mois aujourd’hui que les élèves sont à la maison, que les hôpitaux sont fermés et que l’administration est paralysée. Voir la grande Amérique de la défense des libertés venir apporter un soutien au régime dans ces conditions actuelles, moi j’en doute fort", confie à DW Francois Djekombé, journaliste et blogueur tchadien, estimant que tous ces sujets doivent être abordés au cours de cette visite. 

La visite de Rex Tillerson au Tchad coïncide avec la journée villes mortes, initiée par l’opposition tchadienne pour soutenir la grève générale des  travailleurs tchadiens qui perdure depuis plus de six semaines.