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Scénario « à la somalienne » au Yémen

5 janvier 2012

Depuis le début de la révolte populaire, il y a un an, plusieurs centaines de personnes ont été tuées. Les manifestations continuent, malgré la promesse du président Abdallah Saleh de quitter le pouvoir en février.

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Marche de protestation entre Taëz et Sanaa, en décembre
Marche de protestation entre Taëz et Sanaa, en décembreImage : Saeed Al Soofi/DW

A l'approche de l'élection présidentielle, le Yémen connaît un regain de tension. Dans plusieurs villes du pays, des milliers de personnes continuent de protester contre l'accord de transition signé en novembre par le président Saleh sous l'égide des pays du Golfe, après 11 mois de manifestations réprimées dans le sang.

La famille Saleh monopolise les pouvoirs

Ali Abdallah Saleh
Ali Abdallah SalehImage : picture alliance/dpa

Selon cet accord, Saleh accepte de transférer le pouvoir à l'issue d'une élection anticipée, prévue le 21 février, en contrepartie d'une immunité pour lui, sa famille et ses proches collaborateurs. Horst Kopp, géographe et grand connaisseur du Yémen, n'est pas étonné par la poursuite des manifestations. Selon lui, le départ de Saleh ne suffira pas à changer la donne :

« L'armée est la vraie détentrice du pouvoir au Yémen. Les membres de la famille Saleh, son fils, ses frères, ses neveux, occupent des postes à tous les niveaux de l'appareil sécuritaire. Pendant des décennies, le système a été taillé sur mesure pour la famille nombreuse du président. Même le secteur économique est contrôlé par cette famille. »

Günter Meyer, spécialiste du Yémen à l'université de Mayence, comprend lui aussi la colère des contestataires. La transition ne va pas, selon lui, profiter aux aspirants à la démocratie :

« Les vieilles élites vont se partager le pouvoir. On peut s'attendre à une nouvelle répartition du pouvoir mais les réformes démocratiques espérées vont sans doute rester dans un tiroir. »

Le Yémen est l'un des pays les plus pauvres du Golfe
Le Yémen est l'un des pays les plus pauvres du GolfeImage : AP

Une catatrophe humanitaire

Un seul candidat s'est déclaré pour l'élection présidentielle du 21 février : Abd Rabbo Mansour, vice-président chargé officiellement de la transition et homme de confiance de Saleh. Une marionnette selon Horst Kopp, qui ne cache pas son pessimisme :

« Ces élections, si elles ont lieu, ne vont rien changer, et surtout pas l'incroyable misère du pays. La situation dans les villes est catastrophique, surtout l'approvisionnement en électricité et en eau. Plus de la moitié de la population est affamée, c'est une catstrophe humanitaire incroyable qui se déroule là-bas et le monde ne s'en rend même pas compte. »

Face aux menaces de sécession du sud, aux combats entre groupes chiites et sunnites dans le nord, et aux tentatives de récupération d'al-Qaïda un peu partout dans le pays, les experts n'hésitent plus à évoquer un scénario "à la somalienne".

Et le président yéménite a annulé hier son voyage aux Etats-Unis. Ali Abdallah Saleh avait demandé un visa pour faire soigner les blessures reçues lors d'une attaque à la bombe contre son palais en juin dernier. Mais son parti lui a demandé de rester dans le pays jusqu'au rendez-vous électoral de février.

Auteur : Anne Le Touzé, Nils Naumann
Edition : Sébastien Martineau