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Se rendre ou être neutralisé

Carole Assignon
30 mars 2021

L’ambassadeur de la Russie en Centrafrique, Vladimir Titorenko ne laisse que deux choix à François Bozizé, se rendre ou être neutralisé et cela fait réagir.

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Francois Bozize ehemaliger Präsident Zentralafrikanische Republik
Image : picture-alliance/AP Photo/B. Curtis

"Une immixtion dans les affaires internes de la Centrafrique", ou encore "des propos qui sortent du cadre diplomatique."
Pour certains Centrafricains, Vladimir Titorenko est allé un peu trop loin en affirmant que soit François Bozizé et les autres leaders des groupes armés sur la liste de sanctions de l’Onu renoncent à la lutte armée, soit ils continuent au risque d’être neutralisés. 
Pour Antoine Glaser, journaliste et spécialiste de l’Afrique, ces propos ne font que mettre en exergue l’importance et l’influence croissante de la Russie en Centrafrique.

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"Cela montre finalement à quel point Moscou se sent chez elle en Centrafrique. Il faut quand même reconnaître et dire que c’est Moscou qui a été à la manœuvre quand il y a eu toutes les négociations au Soudan avec l’ancienne Seleka. Et on voit à quel point la France est agacée par cette présence russe. Mais on voit bien que maintenant c’est vraiment la Russie qui assure la sécurité du pays" analyse t-il.
Selon Antoine Glaser, il est peu probable que l’ambassadeur russe se soit exprimé sans l’accord de son pays. 
Mais pour la journaliste d’investigation et essayiste Roumania Ougartchinska, il peut arriver que des diplomates russes s’expriment sans cet aval.

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Une double casquette

Roumania Ougartchinska rappelle par ailleurs que le fait qu’un ambassadeur s’exprime concernant des personnes sous sanctions de l’Onu, n’est pas nouveau. 
François Bozizé est en effet sous le coup de sanctions de l’Onu pour son soutien présumé à des milices d’autodéfense qui se sont rendu coupables de crimes de guerre en 2013 et 2014 selon les Nations unies. 
Qu’il décide de déposer les armes ou pas, l’ex-président devenu chef rebelle joue de toute manière sur deux tableaux selon le politologue Jean-Jacques Wondo. 
"François Bozizé a toujours joué sous une casquette hybride politico-militaire. Il a été d’abord ministre de la Défense et puis chef de l’Etat à la suite d’un coup d’Etat. Donc il veut utiliser les deux options politique et armée pour pouvoir s’affirmer sur la scène politique centrafricaine" précise t-il.
En attendant la réaction de l'ex-président et ses compagnons, rappelons que mi-décembre 2020, la Russie n’avait pas hésité à déployer des hommes et du matériel militaire pour aider les soldats centrafricains face à l’offensive de la Coalition des patriotes pour le changement qu’ils sont pervenus à freiner.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique