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Sonko et Faye libres, quels enjeux pour la présidentielle

Robert Adé | Mamadou Alpha Diallo
15 mars 2024

Au Sénégal, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont été libérés après le vote d’une loi d’amnistie, quelques jours avant le scrutin du 24 mars.

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Des partisans de l’opposant Ousmane Sonko devant son domicile à Dakar (10.03.24)
Ousmane Sono n’est pas retenu parmi les 19 candidats mais ses partisans comptent voter pour son fidèle Bassirou Diomaye Faye Image : SEYLLOU/AFP

La Cour suprême du Sénégal a déclaré irrecevable, vendredi (15.03.24), en début d’après-midi, le recours en annulation du scrutin du 24 mars, déposé par le Parti démocratique sénégalais de Karim Wade.

Cette décision confirme la poursuite du processus électoral et la participation effective du candidat Bassirou Diomaye Faye à la prochaine présidentielle. Ousmane Sonko, le principal opposant du président Macky Sall, et le candidat à l’élection présidentielle du 24 mars, Bassirou Diomaye Faye, sont désormais libres depuis jeudi (14.03.24) grâce à la loi d’amnistie adoptée par l’Assemblée nationale le 6 mars dernier.

Des interrogations sur le cas Sonko

Mais Meissa Diakhaté, agrégé de droit public à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, rappelle que cette amnistie ne concerne pas toutes les condamnations et qu’il reste une interrogation sur le cas d’Ousmane Sonko.

"L’enjeu de la présidentielle sera un scrutin apaisé, honnête et transparent" (Djibril Gningue)

"Les infractions étant visées dans ce cadre sont des infractions d’ordre politique et des infractions dont la motivation est politique. Dans l'histoire politique du Sénégal, il y a des cas où la loi renvoie à un décret. A charge pour le décret du président de la République de déterminer les personnes qui entrent dans le champ d'application de cette loi d'amnistie. Depuis 1976, on a connu également une nouvelle pratique législative qui consiste à amnistier de plein droit certains faits."

Ousmane Sonko a certes été incarcéré, en juillet dernier, pour "appel à l’insurrection", mais avant cela, il avait été condamné à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse, dans l’affaire Adji Sarr, et six mois de prison avec sursis pour diffamation.

Former un "gouvernement efficace"

Alimou Barro, membre fondateur du Pastef dissous, explique désormais quels sont les enjeux pour sa formation, après la libération d’Ousmane Sonko et du candidat officiel Bassirou Diomaye Faye : "Gagner l’élection au premier tour, former un gouvernement efficace, revoir tous les maux et mettre le Sénégal sur la bonne voie, et essayer de développer l’Afrique occidentale, l’Afrique en général."

Le président sénégalais Macky Sall (à droite) serre la main du Premier ministre Amadou Ba à Dakar le 21 décembre 2023 après que Ba ait été nommé candidat du parti au pouvoir en vue de l'élection présidentielle
Le dauphin de Macky Sall, Amadou Ba, est contesté au sein de la coalition au pouvoirImage : SEYLLOU/AFP/Getty Images

L’expert électoral Djibril Gningue va plus loin dans son analyse. Pour lui, l’enjeu principal est de sortir de la crise politique actuelle au Sénégal.

"Avec la libération de Bassirou Diomaye Faye et d’Ousmane Sonko, l’enjeu de la présidentielle sera un scrutin apaisé, honnête et transparent dans le respect du calendrier électoral. Et dans ces conditions-là, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye auront tout à gagner dans ce scrutin."

"Mais je ne pense pas du tout à une quelconque lune de miel entre Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye, d’une part, et la coalition au pouvoir d’autre part", poursuit cependant Djibril Gningue, expert électoral, directeur exécutif de la plateforme des acteurs de la société civile pour la transparence des élections au Sénégal.

Si pour la coalition au pouvoir, incarnée principalement par le candidat Amadou Ba, l’enjeu est le changement dans la continuité, avec la conservation du pouvoir et la consolidation des acquis, pour le candidat Bassirou Diomaye Faye, désigné par Ousmane Sonko, l’enjeu est logiquement la rupture avec le système politique actuel, conclut Djibril Gningue.

Sonko doit poursuivre le combat, selon sa mère

La libération de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko, a créé des scènes de liesse dans sa ville natale de Ziguinchor, où des milliers de jeunes ont envahi les grandes artères de la ville pour manifester leur joie, dès l'annonce de la nouvelle.

Sa maison familiale, située dans le quartier HLM Néma, a été le lieu de convergence de nombreux manifestants, venus exprimer leur joie à sa famille. La mère de l'opposant, qui s’exprime rarement, a accepté de dire quelques mots.

La mère d'Ousmane Sonko, Khady Ngom (15.03.24)
La mère d'Ousmane Sonko, Khady Ngom, a expliqué notamment avoir souffert de l'emprisonnement de son filsImage : Mamadou Alpha Diallo/DW

''Je rends grâce à Dieu ! Ce qui est arrivé à mon fils est une volonté divine. Et c'est encore lui, Dieu, qui a mis fin à tout ça. Vous me demandez si j'ai souffert de cette situation, mais bien sûr que oui ! Même d'autres personnes en ont souffert, donc à plus forte raison moi, sa maman. J'ai vécu cette situation de façon très douloureuse, mais comme c'est Dieu qui l'a décidé ainsi, je m'en suis remise à lui. Et aujourd'hui, il a décidé de mettre fin à ça, donc cette affaire est désormais derrière nous… Je demande à mon fils de continuer d'avoir la même attitude qu'il avait avant d'aller en prison, qu'il poursuive son combat. Il n'a qu'à continuer sur cette même lancée pour montrer qu'il était sur le droit chemin, celui de la vérité. Je lui demande aussi d'avoir une pensée pieuse pour toutes les familles des victimes qui ont perdu leur vie en soutenant son combat politique. Seule la vérité triomphera''.