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Sentence de mort au Bangladesh

Elisabeth Cadot17 juillet 2013

Ali Ahsan Mohammad Mojaheed, ancien secrétaire général du parti Jamaat-e-Islami, a été reconnu coupable de massacres lors de la guerre d'indépendance. Le Tribunal international des crimes de Dacca l'a condamné à mort

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Ali Ahsan Mohammad Mojaheed,ancien secrétaire général du parti Jamaat e-Islami, a été condamné à la pendaison
Ali Ahsan Mohammad Mojaheed,ancien secrétaire général du parti Jamaat e-Islami, a été condamné à la pendaisonImage : STR/AFP/Getty Images

Une guerre d'indépendance sans merci, des crimes atroces: 42 ans plus tard le Bangladesh est bien un État indépendant, mais il est toujours divisé. Les blessures de l'époque ne sont pas cicatrisées. Rappelons brièvement les faits: en 1971, le Bangladesh alors appelé "Pakistan oriental" veut se libérer du joug du Pakistan. Mais dans le pays, des milices redoutables soutiennent l'armée pakistanaise. Elles s'appelent Peace Commitee, Al Badr ou Bazakar. Elles sont en fait liées au parti Jamaat-e-Islami. Pendant neuf mois, une guerre atroce fait rage avec le Pakistan. Elle fera entre 500 000 et un million de victimes.

Violences après le verdict contre un ancien responsable du parti Jamaat e-Islami
Violences après le verdict contre un ancien responsable du parti Jamaat e-IslamiImage : Reuters

C'est le secrétaire général du parti Jamaat-e-Islami de l'époque , Ali Mojaheed, 65 ans, qui vient donc d'être condamné à mort. Le chef du parti, Ghulam Azam, âgé lui de 90 ans, n'a écopé "que" de 90 ans de prison en raison de son grand âge. A la fin du conflit, alors que l'intervention de l'Inde signait la défaite du Pakistan, ces milices avaient en effet massacré une partie de l'intelligentsia du Bangladesh, des dizaines d'enseignants, de réalisateurs, de médecins et de journalistes.

Manifestations violentes à Karachi contre les sentences prononcées par le tribunal international des crimes de Dacca
Manifestations à Karachi contre les sentences prononcées par le tribunal international des crimes de DaccaImage : picture-alliance/dpa

Un tribunal contesté

Les juges qui prononcent les sentences font partie d'un Tribunal baptisé "Tribunal International des Crimes" mais en réalité il n'a rien d'international. C'est le Premier ministre bangladais, Sheik Hasina, qui l'a mis sur pied en 2010 pour juger les crimes de cette époque. Mais le parti Jamaat-e-Islami souligne que ce tribunal n'a aucune supervision internationale. Et qu'il s'agit plutôt de s'en prendre aux principaux partis d'opposition, le Parti nationaliste bangladais (BNP) et le Jamaat-e-Islami. Ses militants contestent donc ces sentences. Depuis le premier verdict le 21 janvier dernier, plus de 150 personnes ont trouvé la mort lors de heurts entre les forces de l'ordre et des membres du Jamaat-e-Islami

De son côté, l'organisation Human Rights Watch dénonce des procédures ne respectant pas les critères internationaux. En fait, la Ligue Awami du Bangladesh (sociale-démocrate) au pouvoir a voulu faire primer la rapidité des procès sur leur équité. Mais si elle perd les élections en 2014, elle pourrait se retrouver à son tour au banc des accusés. Le Bangladesh n'en n'a pas fini avec son passé...