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Une ombre plane sur la fête nationale en Côte d'Ivoire

Julien Adayé
2 août 2022

En Côte d’Ivoire, le défilé militaire de dimanche prochain est remis en question par l’absence des soldats ivoiriens, retenus depuis trois semaines à Bamako.

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Une dizaine de soldats ivoiriens se tiennent en cercle et discutent
Le Mali avait qualifié les soldats arrêtés à Bamako de "mercenaires"Image : ISSOUF SANOGO/AFP/Getty Images

Cela fait un peu plus de trois semaines, depuis le 11 juillet, que 49 militaires ivoiriens ont été arrêtés et sont détenus à Bamako, au Mali.

Depuis lors, les relations entre ces deux pays voisins sont tendues. C’est dans ce contexte que la Côte d’Ivoire s’apprête, le 7 août, à commémorer le 62e anniversaire de son indépendance à Yamoussoukro, la capitale politique.  

Un défilé militaire est prévu mais il est compromis si les militaires ivoiriens ne sont pas libérés.  

Le journaliste André Silvère Konan explique que les erreurs du côté ivoirien et les excès du côté malien doivent être aplanis pour passer à autre chose. 

Ecoutez le sujet de notre correspondant à Abidjan...

Mais sans la libération de ces 49 militaires, André Silvère Konan estime que les festivités du 7 août devraient être annulées. 

"C'est bien fâcheux pour les collègues de ces soldats et bien frustrant pour leur famille et aussi bien sûr pour eux-mêmes. La fête de l’indépendance ne devrait pas se dérouler en Côte d’Ivoire sans la libération de ces soldats, d’autant que cette détention est totalement injustifiée", affirme le journaliste.

Manque de solidarité 

Marie Noëlle Houlé, présidente de la Plateforme politique des femmes candidates de Côte d'Ivoire et Gildas Karimou du Cojep, le parti de Charles Blé Goudé, regrettent le manque de solidarité avec ces soldats détenus au Mali et dénoncent, tous les deux, le défilé militaire prévu le 7 août à Yamoussoukro.

"On fait un ballet militaire pour fêter l’indépendance quand on est au complet. On ne peut pas avoir tout un bataillon emprisonné dans un autre pays, et puis faire fi de ça. Je pense vraiment que, par mesure de solidarité, ce défilé annoncé pompeusement à Yamoussoukro ne doit pas avoir lieu pour l’image même du pays", soutient Marie Noëlle Houlé, présidente de la Plateforme politique des femmes candidates de Côte d'Ivoire. 

Selon  Gildas Karimou du Cojep, le parti de Charles Blé Goudé "faire un défilé militaire en ce moment reviendrait à vouloir ignorer ce qui se passe pour démontrer ses capacités militaires. Ce qui serait pour moi un peu ridicule. Et avec ces 49 militaires en détention, je pense qu’il faut faire profil bas et trouver un compromis."

Ne pas déroger à la règle  

Si Dominique Bessé du PPA-CI, créé par Laurent Gbagbo, regrette la détention de ces 49 soldats ivoiriens, en revanche elle s’oppose à une quelconque annulation de ce défilé militaire qui est une tradition institutionnelle.  

"La Côte d’Ivoire s’apprête à fêter le 62e anniversaire de son indépendance. A cette occasion, la tradition prévoit un défilé militaire. Et la Côte d’Ivoire ne saurait déroger à cette règle", explique Dominique Bessé. 

Le président Alassane Ouattara à la sortie d'un Conseil des ministres
Le Togo a été sollicité comme médiateur dans cette criseImage : Ange Servais Mahouena/Office President Ivory Coast

Pour Jean Yves Essis, président du mouvement des jeunes cadres du PDCI, cette histoire est compliquée et gênante. C’est d’ailleurs pourquoi il a adressé une lettre ouverte au président de la République pour lui proposer une négociation diplomatique : 

"Il faut qu’une solution négociée arrive rapidement pour qu’on puisse libérer ces 49 militaires. L’apothéose de cette histoire serait que les 49 militaires viennent défiler également le jour de l’indépendance."

Pour tenter de trouver une solution diplomatique à cette crise, le Togo a été sollicité pour une médiation. Et lors de la première rencontre des deux délégations à Lomé, le Mali a demandé deux choses avant de libérer les 49 soldats ivoiriens. D’abord, que la Côte d’Ivoire exprime officiellement "des regrets", mais aussi que soient extradés des ressortissants maliens vivant en Côte d'Ivoire et recherchés par la justice malienne. 

Mais la Côte d’Ivoire a rejeté ces deux conditions. En tout cas, pour le moment.