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Sombres perspectives pour le Zimbabwe

31 décembre 2010

Le Zimbabwe commence tout juste à montrer les signes d’une timide reprise économique. Mais c'était sans compter sur la politique : Robert Mugabe et Morgan Tsvangirai ont annoncé la fin prochaine de leur union forcée.

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Robert Mugabe et Morgan Tsvangirai, une alliance contre-natureImage : picture alliance/dpa

En clair, le Zimbabwe va devoir élire un nouveau président en 2011. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour les Zimbabwéens. « Rien que le mot ‘élections’ suffit pour déclencher la peur au Zimbabwe », affirme ainsi Jenny Williams, qui ne cache pas son inquiétude. La présidente de l’organisation WOZA pour les droits des femmes parle en connaissance de cause. Lors des dernières élections générales en 2008, elle a passé six semaines en prison. Son crime : avoir appelé les Zimbabwéens à réclamer la publication immédiate des résultats. A l’époque, la victoire de l’opposition avait entraîné un déchaînement de violence orchestré par les proches du président Robert Mugabe.

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Faim, pauvreté, chômage, choléra : rien n'épargne le paysImage : picture-alliance/ dpa

Un pays plongé dans la crise

Le pays, ancien fleuron d'Afrique australe, était alors tombé dans un engrenage fatal : économie en faillite, écoles et hôpitaux fermés, inflation record. Finalement, Robert Mugabe avait été forcé de conclure une alliance avec son rival Morgan Tsvangirai. Deux ans plus tard, les deux rivaux sont d’accord sur l'organisation d’un nouveau scrutin présidentiel. Mais l’opposition ne veut pas entendre parler d’élections législatives. Au lieu de cela, elle réclame la tenue d’un référendum sur une nouvelle constitution, conformément à l’accord de partage du pouvoir. La consultation pourrait avoir lieu en juillet 2011. Mais, comme pour l'élection présidentielle, rien ne garantit que le référendum sera libre et transparent. « Pourquoi Mugabe perdrait-il les élections, alors qu’il tient le pouvoir entre ses mains ? estime Günter Nooke, délégué personnel de la chancelière allemande pour l’Afrique au sein du G8. Et pourquoi devrait-il respecter les règles constitutionnelles alors qu’il ne l’a pas fait ces dernières années ? Je reste très sceptique là-dessus. »

Une médiation sud-africaine improbable

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Jacob Zuma a déjà servi de médiateur dans la crise zimbabwéenneImage : AP

Selon Günter Nooke, seule l’Afrique du Sud serait capable d’amener Robert Mugabe à entreprendre des réformes démocratiques. Mais cela ne semble pas être une priorité pour le président sud-africain Jacob Zuma, dont le parti ANC est traditionnellement solidaire de son ancien compagnon d'armes zimbabwéen Zanu-PF. Jenni Williams, elle, place ses espoirs dans la communauté internationale : « Il est important que l’Union européenne et l’Allemagne fassent dès maintenant pression sur l’Union africaine pour qu’au moins, quelques réformes soient engagées et que des observateurs puissent venir suffisamment tôt dans le pays. Et il faut rappeler à la SADC son protocole commun, qui impose une commission électorale indépendante. L’UA doit obliger la SADC à faire respecter ce protocole dans tous ses pays membres. »

Quelle sera la position de la communauté internationale par rapport au Zimbabwe ? Réponse en 2011. Robert Mugabe, lui, ne semble pas inquiet.

Les Etats-Unis, l'Union européenne et d'autres puissances ont appelé la semaine dernière le gouvernement zimbabwéen à réaliser les réformes nécessaires pour assurer des élections "crédibles, légitimes et pacifiques" l'année prochaine.

Auteurs : Maja Braun / Anne Le Touzé
Edition : Marie-Ange Pioerron