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"Spoutnik" : le vaccin russe contre le coronavirus 

Rémy Mallet | Avec agences
11 août 2020

La Russie a annoncé ce mardi avoir développé le premier vaccin contre le coronavirus. Le président Poutine, a même assuré de l'immunité durable de ce vaccin baptisé "Spoutnik".

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Le président Poutine visite un hôpital où des patients infectés par la Covid-19 sont traités, le 24 mars 2020.
Le président Poutine visite un hôpital où des patients infectés par la Covid-19 sont traités, le 24 mars 2020.Image : AFP/Sputnik/A. Druzhinin

"Ce matin, pour la première fois au monde, un vaccin contre le nouveau coronavirus a été enregistré", a indiqué Vladimir Poutine. Il a ajouté qu'il s’agit d’un vaccin "assez efficace" et qu'il donnerait une "immunité durable".

Le locataire du Kremlin a même expliqué que sa fille s'était fait inoculer le vaccin et qu'elle avait eu juste un peu de température "et c'est tout". 

Visée politique

Ce vaccin, développé par le Centre de recherches en épidémiologie et microbiologie Nikolaï Gamaleïa, avec le ministère russe de la Défense, a été baptisé Spoutnik V.  Ce nom témoigne de l'ambition russe en la matière et du succès historique que Moscou voit dans son développement.

En effet, Spoutnik V se réfère à la victoire politico-scientifique qu'était la mise en orbite du satellite Spoutnik 1 par l'URSS en pleine Guerre froide.

Selon le fonds souverain impliqué dans le développement du vaccin, sa  production industrielle devrait débuter en septembre. Le patron de ce fonds, Kirill Dmitriev, affrime que "plus d'un milliard de doses" auraient déjà été précommandé par 20 pays étrangers.

Prudence sur le vaccin russe 

Si les autorités russes semblent convaincues de l’efficacité de leur antidote, en revanche, dans les semaines précédant cette annonce, des scientifiques étrangers ont exprimé leur préoccupation face à la rapidité de la mise au point d'un tel vaccin. De son côté, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait appelé au respect de "lignes directrices et directives claires" en la matière.

Après l’annonce de ce vaccin, le porte-parole de l’OMS a indiqué être en discussion avec les autorités russes, rappelant par ailleurs que la pré-qualification de tout vaccin passe par des "procédés rigoureux", par exemple l'examen et l'évaluation de toutes les données de sécurité et d'efficacité requises recueillies lors d'essais cliniques".  

Photo d'illustration d'une vaccination
Selon l'OMS, 26 candidats vaccins sont au stade des essais cliniques chez l'être humain à travers le monde.Image : picture-alliance/dpa/R. Guenther

Parmi les 26 candidats vaccins au stade des essais cliniques, six avaient atteint fin juillet la phase trois de leur développement. Celui développé par le centre russe Gamaleïa n'était listé en qu'en phase une. 

Et jusqu'ici, la Russie n'a pas publié d'étude détaillée des résultats des essais permettant d'établir l'efficacité des produits qu'elle dit avoir développés.

Le virologue allemand, Jonas Schmidt-Chanasit, se dit alors "réservé" par rapport à l’autorisation de ce vaccin.

"Il n'y a pas de données publiées sur le vaccin - c'est déjà une très grande difficulté", a-t-il indiqué.

 

"Il est très important d'utiliser un vaccin sûr et de savoir où se situent les éventuels effets secondaires", a indiqué de son côté Bernhard Nocht, virologue à l’institut de médecine tropicale de Hambourg.

Le gouvernement russe espère toutefois commencer à vacciner le corps médical à partir de septembre et à mettre le vaccin en circulation le 1er janvier 2021 au sein de la population.