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Sud-Soudan : les défis d'une nouvelle Nation

14 janvier 2011

Dimanche, a commencé au Sud-Soudan le référendum qui, après vingt ans de guerre civile, pourrait ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire du pays. Le chemin vers un nouvel Etat ne sera pas sans obstacles.

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Image : AP

Si la majorité des Sud-Soudanais se prononce pour l’indépendance vis-à-vis du Nord, cela aboutira à la naissance d’un nouvel Etat africain. Mais une Nation ne se construit pas du jour au lendemain. La population sud-soudanaise devra se forger toute une panoplie de symboles nationaux et aussi une autre manière d’écrire l’Histoire.

Le Sud-Soudan, qui dispose déjà d’un drapeau national et d’un hymne, aura aussi besoin d’un nouveau nom, d’une langue officielle, d’une nouvelle monnaie. En tant qu’ Etat indépendant, il pourra alors engager de nouvelles relations autonomes avec les pays voisins, comme avec la communauté internationale.

Sudan Wahlen Kandidat Salva Kiir
Salva Kiir Mayardit est le président du gouvenement autonome du Sud-SoudanImage : AP

Faire de la population sud-soudanaise une Nation est l’un des plus grands défis à relever pour les responsables de ce nouvel Etat, une fois l’indépendance acquise. Même si elles ont combattu ensemble contre le Nord, les quelque 67 ethnies qui vivent au Sud-Soudan connaissent aussi des conflits internes. Leurs différentes langues et cultures, leurs différents modes de vie font qu’il ne sera pas aisé de créer un sentiment national commun.

Besoin de symboles

Jok Madut Jok, professeur d’histoire qui a étudié et enseigné aux Etats-Unis, est rentré récemment au pays. Il est maintenant sous-secrétaire d’Etat au ministère du Sport et de l’Héritage culturel du Sud-Soudan´:

« Si le Sud-Soudan devient indépendant, il faudra beaucoup de travail politique pour donner forme à cette nation. C’est très difficile. Pensez aux conflits ethniques pour les matières premières et le pouvoir dans notre pays. Nous avons besoin de symboles nationaux que les gens puissent arborer. Pour que les gens expriment leur appartenance à la Nation, il faut que leur culture, leur religion, leur identité soit représentée au niveau national ! »

Ce ne sera pas simple dans un jeune Etat, dont l’élite dans le secteur politique et économique est issue, pour la plupart, de l’ethnie Dinka. Le président Salva Kiir Mayardit est un Dinka, de même que la majorité des ministres et des généraux. Aussi, il sera politiquement important, après la proclamation de l’indépendance, qu’une assemblée populaire, constituée de tous les groupes, désigne un nouveau gouvernement, décide aussi des nouveaux symboles nationaux à adopter, des jours fériés, des programmes scolaires, de la langue officielle ou bien encore d’une nouvelle monnaie nationale.

Un pays tourné vers l'Afrique

Ce qui pourrait aider les Sud-Soudanais à surmonter leurs différends internes, c'est l’intégration économique et politique à la région est-africaine. Les Sud-Soudanais se sentent depuis toujours plus proches de la culture africaine que de la culture arabe, qui caractérise le Nord-Soudan sur les plans culturel, religieux et linguistique.

Sudan Referendum
Des Sud-Soudanais attendent leur tour pour voter, le 9 janvier à DjoubaImage : picture alliance/dpa

Aussi les Sud-Soudanais doivent chercher leur place au sein de la communauté des peuples africains, assure le ministre pour la Coopération régionale, Deng Alor :

« Naturellement, nous sommes une partie de l’Afrique. Et nous voulons définitivement faire partie de l’Union économique est- africaine. Dès que nous serons indépendants et reconnus en tant qu’Etat, nous déposerons nos demandes de candidature : auprès de l’Union économique est-africaine, de l’Union africaine et aussi d’autres organisations internationales ... »

Se faire une place dans le monde et sur le continent africain en tant qu’Etat indépendant sera certainement plus facile que de souder les nombreux groupes ethniques du nouveau pays en une Nation unie et démocratique.

Auteurs : Simone Schlindwein, Philippe Pognan
Edition : Marie-Ange Pioerron, Sébastien Martineau