Suite du bras de fer entre gouvernement et syndicats
23 août 2004La Frankfurter Allgemeine Zeitung considère cette idée d‘un salaire minimum inscrit dans la loi comme superflue, voire anti-chômeurs. Selon le quotidien conservateur, mieux vaudrait revoir les salaires à la baisse, afin de créer des emplois, plutôt que de s’acharner, comme le font les syndicats, à augmenter les salaires les plus bas.
Son concurrent de gauche, la Frankfurter Rundschau, tire la sonnette d’alarme. D‘après elle, la spirale infernale a commencé: profitant du chômage, les entreprises respectent de moins en moins les accords tarifaires, sans compter que les chômeurs vont bientôt être obligés par la loi d’accepter n’importe quel emploi, et l’économie ne s’autorégule plus. D’où l’intérêt d’un salaire minimum décent instauré par la loi, fixé et surveillé par l‘État.
Si certains journaux, à l’instar de la Rhein-Zeitung, estiment que les conflits actuels sont une occasion en or pour la tête de file de l’opposition, la Süddeutsche Zeitung, elle, met en exergue les divergences au sein du camp conservateur. Des conservateurs qui n’arrivent pas à trouver une position unitaire dans le débat sur les réformes.
Pour la tageszeitung, c’est une manœuvre du SPD, destinée à amadouer les syndicats, et elle y revient sur trois pages. Le journal, plutôt favorable aux manifestants, hésite même à prendre cette proposition de Franz Müntefering au sérieux. Il ne faut pas oublier, se justifie la taz, que c’est ce même SPD qui, il y a peu, ratifiait des textes pour obliger les chômeurs à accepter aussi des travaux sous-payés. Le calcul est simple, selon le journal: en échange de son aval au dumping salarial, le gouvernement attend des entrepreneurs qu’ils créent des emplois, même mal payés. Mais 4 à 7 euros de l’heure, voilà le salaire minimum proposé par Franz Müntefering, c’est-à-dire environ 460 euros par mois, soit à peu près le montant de l’aide sociale. Et à ce tarif là, toujours selon la taz, le chef du SPD ne doit pas s’étonner si ses propositions sont rejetées par les syndicats.