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Sur le banc des accusés

Christophe LASCOMBES18 août 2004

Responsable mais pas coupable, si l’expression a déjà été utilisée par certains hommes politiques français dans le scandale du sang contaminé, Manfred Kanther, l’ex-shérif du dernier gouvernement Kohl, semble vouloir la reprendre à son compte lors de son procès à Wiesbaden. La presse allemande se fait aujourd’hui largement l’écho de l’ouverture de l’audience...

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Plus dure sera la chute... Manfred Kanther fait face à ses juges dans le scandale des caisses noires de la CDU.
Plus dure sera la chute... Manfred Kanther fait face à ses juges dans le scandale des caisses noires de la CDU.Image : AP

Pour l’Express de Cologne, le scénario du scandale est un vrai polar. Pour permettre à l’argent noir transporté à l’étranger de revenir officiellement sous le nom de donateurs décédés, les comptes officiels de l’un des plus grands partis politiques allemands ont été tout bonnement falsifiés. Pour tout un chacun, impensable que l’auteur de telles malversations s’en tire à bon compte. Pas le « Monsieur Propre » et ex-juriste du dernier gouvernement Kohl ! Lui voit dans ce procès une campagne menée par les « gauchistes ».

De manière générale, les commentateurs de la presse régionale et nationale critiquent l’attitude infatuée et autoritaire adoptée par ce partisan du « dura lex, sed lex », à l’instar de la Frankfurter Rundschau qui souligne que Manfred Kanther ne s’exprime quasiment pas sur les faits mis au jour par l’enquête et refuse d’admettre qu’il a violé la loi pendant plusieurs années consécutives. Tant sur le plan politique qu’humain, ceci prouve que l’ex-Ministre de l’Intérieur, même quatre ans et demi après la révélation du scandale, n’a toujours pas appris sa leçon.

Pour la Süddeutsche Zeitung, l’ancien patron de la CDU hessoise prétend avoir voulu protéger l’anonymat de généreux donateurs ; cet anonymat permettait ainsi à ces personnes de rester à la disposition financière de la CDU, lui conservant ainsi toute sa capacité à faire campagne. En invoquant le « péril rouge » qu’il était chargé de combattre, il s’efforce de trouver une légitimation supérieure à la loi commune.

Die Welt souligne que Manfred Kanther fait feu de toutes les arguties juridiques capables selon lui d’affaiblir le dossier de l’accusation. Il veut que s’applique le droit et entend par-là être blanchi. Et ce, d’autant plus qu’il aurait beaucoup souffert de ne pas avoir bénéficié de la présomption d’innocence au long de toutes ces années.

Certes, il n’a pas vraiment tort en disant que les choses à l’époque étaient différentes d’aujourd’hui, remarque la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais le choix de son vocabulaire démontre qu’il considère même le Parquet comme un adversaire politique et tend à confondre prétoire et tribune du Parlement. Et puis, au lieu de s’adjoindre les services de ténors du Barreau, il s’entête à vouloir se défendre seul et à affirmer qu’il n’a rien fait d’illégal. Ceci reste encore à démontrer : cette fois par des juristes et non par des hommes politiques, conclut le journal.