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Tchad : climat tendu avant les élections

4 avril 2021

La pression monte au Tchad avant l'élection du 11 avril prochain. Pourtant, l’arrivée au pouvoir du président Idriss Déby Itno, il y a 30 ans, avait suscité de l’espoir au sein des populations.

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Une affiche de campagne à N'Djamena
Une affiche de campagne à N'DjamenaImage : Blaise Dariustone/DW

Des défenseurs des droits de l'homme, des membres de la société civile, des opposants voire des journalistes se plaignent de la répression des services de sécurité.

Ces voix discordantes sont en effet perçues comme des ennemis du pouvoir en place. Certaines parmi elles sont incarcérées, disparaîssent, assassinées ou contraintes à l'exil. 

Idriss Déby Itno lors d'un sommet du G5 Sahel
Idriss Déby Itno lors d'un sommet du G5 SahelImage : Ludovic Marin/AP Photo/picture alliance

Une longue liste de disparus

L'histoire de l'opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh est l'une des illustrations les plus palpables de la répression contre les adversaires au pouvoir d'Idriss Déby. L'opposant est porté disparu depuis février 2008.

Il y a aussi les cas de Moïse Nodji Ketté, président du Comité du sursaut national pour la paix et la démocratie, abattu dans le sud du pays en septembre 2000 et d'Abbas Koty Yacoub, compagnon d'armes du Président Deby, qui  a été abattu en octobre 1993 à N'Djamena.

A cela s'ajoute l'emprisonnement depuis plus d'un an de Baradine Berdeye Targuio, militant des droits de l'homme. La liste d'opposants, de journalistes et de défenseurs de droits de l'Homme qui subbissent la répression du régime d'Idriss Déby Itno est longue.

Ibni Oumar Mahamat Saleh (ici en photo)
Ibni Oumar Mahamat Saleh (ici en photo) a disparu depuis près de treize ansImage : Patrick Fort/AFP/Getty Images

Le ministère de la Justice se défend

Mais Djimet Arabi, ministre de la Justice, dit qu'il n'y a pas de disparition d'opposants au Tchad, y compris le cas concernant l'opposant Ibni Oumar :

"L'histoire de Ibni Oumar, je crois que l'opinion internationale et même l'opinion nationale sait ce qu'il est devenu. Je pense qu'il y a une information judiciaire qui a été ouverte et les conclusions ont été très claires là-dessus. Pour le cas d'Abbas Koty là aussi, je crois que tout le monde est au courant des événements qui sont advenus à cette époque et on ne peut pas parler de disparition", affirme Djimet Arabi.

"Pour le cas de Baradine, il a été jugé et condamné par la justice. Moïse Nodji Ketté, là aussi c'est une vieille histoire qui s'est déroulée dans le sud. Il est entré en rébellion contre les institutions de l'Etat et il a perdu la vie au cours d'un combat avec les forces de l'ordre. Je pense que c'est une disparition comme cela a été dit."

La tentative d'arrestation la plus récente d'un opposant est celui de Yaya Dillo, le 28 février dernier. Elle avait fait au moins deux morts  à N'Djamena.

Les partisans de cet opposant parlent de tentative d'assassinat. Mais pour le ministre de la justice, l'affaire Yaya Dillo n'est pas comparable aux autres cas :

"Pour le cas Dillo, nous sommes dans un Etat de droit et on ne peut pas parler de tentative d'assassinat. C'est une personne qui s'est rebellée contre les institutions de l'Etat dans la capitale et il est du devoir des forces de l'ordre d'essayer de l'interpeller", considère Djimet Arabi.

Yaya Dillo
Yaya Dillo a vu sa maison encerclée par l'armée en février dernierImage : privat

Des espoirs déçus

Abdoulaye Diarra, chercheur sur l'Afrique centrale pour l'ONG Amnesty International, estime pour sa part que les promesses faites par Idriss Déby, de rompre avec les exactions du régime Hissène Habré auquel il a succédé, n'ont pas été tenues.

 "L'arrivée d'Idriss Déby, il est vrai, a été accompagnée au sein de la population tchadienne par un espoir naissant, un espoir de renouveau, espoir que les scènes vécues par le passé ne seraient plus les mêmes", analyse Abdoulaye Diarra. "Cependant, l'évolution de la situation politique dans le pays, la multiplication également des nombreuses entraves aux libertés fondamentales et le durcissement du régime ont fait voler en éclats ces espoirs".

Des espoirs déçus, selon l'organisation de défense des droits de l'homme qui déclare que depuis 2016, la répression s'est accentuée au Tchad en lien avec la réélection contestée d'Idriss Déby pour un cinquième mandat.

Nafissa Amadou Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique