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Economie

Tchad: les consommateurs se tournent vers les bières locales

Blaise Dariustone
8 janvier 2020

Elles profitent de la hausse des prix des boissons pratiquée par l'entreprise française des Brasseries du Tchad.

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Une chope de bière
Une chope de bièreImage : picture alliance/dpa/P. Eret

"Le client est roi" (Nelly Dingamnayel Versinsis)

A l’appel du Collectif tchadien contre la vie chère, une organisation de la société civile, les consommateurs et tenanciers des débits de boissons observent depuis ce lundi 6 janvier une grève contre cette mesure qui intervient dans un contexte généralisé de hausse des prix au Tchad.

Certains citoyens sont obligés de se tourner vers les boissons locales traditionnelles dans les cabarets.

Parmi eux, Constance Madi, une des nombreuses N’Djamenoise qui se retrouvent ce mardi dans le cabaret "Bon Gout, situé dans le quartier Chagoua dans la commune du 7e arrondissement. Assise au milieu des hommes, calebasse en main, Constance Madi sirote tranquillement sa bière locale :

"Je n’ai pas les moyens pour acheter de la bière au prix fixé par les Brasseries du Tchad. C’est pourquoi je préfère me rabattre sur la bière locale traditionnelle qui coûte dix fois moins cher que la bière brassée. On coupe les salaires des travailleurs et on augmente les prix des produits sur les marchés, cela signifie quoi ? Que les dirigeants aient pitié des ménages. Nous avons déjà tant souffert de la cherté de la vie."

"Bili-bili"

Cet avis est partagé par Arsène, un jeune couturier qui se trouve dans le même bistro. Souriant, avec dans la main une calebasse pleine de ''bili-bili'', une boisson traditionnelle, il dit ne pas se soucier de la hausse des prix des bières brassées :

"Je suis tranquille ici avec ma bière traditionnelle. Non seulement elle est naturelle mais ça coute moins cher que la bière brassée à l’usine. L’augmentation des prix des bières par les Brasseries du Tchad n’est donc pas un problème pour moi."

Une aubaine pour les produits locaux

Pour Nelly Dingamnayel Versinsis, président du Collectif tchadien contre la vie chère et initiateur de cette opération de boycott, il est tout à fait normal que les Tchadiens reviennent à la bière locale :

" Cette action de grève contre les Brasseries du Tchad est une bonne affaire pour les boissons traditionnelles locales. C’est l’occasion de consommer local et nous les encourageons à consommer les bières traditionnelles mais avec modération. On verra bien, si lorsque tout le monde va se rabattre sur les boissons locales, les Brasseries du Tchad vont plier bagage ou vont continuer à travailler ? Ils ont l’obligation de respecter les clients parce que le client est roi. Ils doivent simplement revoir leurs prix à la baisse."

De son côté, les Brasseries du Tchad, une entreprise française implantée dans le pays, n'ont pas donné suite à nos démarches pour obtenir une interview.

Mais d’après le témoignage de certains employés de cette entreprise française, c’est l’augmentation de la taxe sur les boissons alcoolisées, à travers la loi de finances 2020, qui a conduit les Brasseries du Tchad à répercuter cette hausse de la fiscalité sur ses prix.

"Le client est roi" (Nelly Dingamnayel Versinsis)

Une chope de bière
Une chope de bièreImage : picture alliance/dpa/P. Eret