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Tchad: l'opposition en rangs dispersés pour le nouveau CNDP

Blaise Dariustone
24 juillet 2019

Le mandat de l’actuel bureau du cadre national de dialogue politique (CNDP) prend fin ce 24 juillet. L’opposition n’arrive toujours pas à se mettre d’accord pour désigner ses 15 représentants.

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Tschad Straßenszene in Ndjamena
Image : DW/F. Quenum

"S'ils veulent discuter pour le pays, mettons de côté les problémes d'argent" (François Iré Kertoumar, coordonnateur national du parti ACTUS)

Au Tchad, la mise sur pied d’un nouveau bureau du Cadre national de dialogue politique (CNDP) divise l’opposition tchadienne. Le CNDP est une structure politique créée en avril 2013 pour permettre aux acteurs politiques de discuter des problèmes du pays. Elle est composée de 30 membres, dont 15 de la majorité présidentielle et 15 de l’opposition. Deux chefs de partis de l’opposition en sont même venus aux mains au cours d’une réunion à cet effet. Et la question de la rémunération semble une des raisons de la discorde...

 

  Depuis la désignation du nouveau chef de l’opposition, l’opposition tchadienne est plus que jamais divisée. D’un côté, les partisans de l’ancien chef de l’opposition Saleh Kebzabo et de l’autre, le camp de Félix Nialbé Romadoumngar, le nouveau chef de l’opposition désigné.

En toile de fond de cette division, la question de l’argent. Les indemnités des membres de cet organe qui varient entre 500 000 et 750 000 FCFA intéressent tout le monde et chacun veut siéger au sein de cette institution. D’où la difficulté de l’opposition de s’accorder sur une liste commune au CNDP. Ce que déplore le politologue Gilbert Maoundonodji. "L’enjeu de la représentation au CNDP c’est parce qu’il y a des indemnités, il y a des honoraires qui sont octroyés aux membres du CNDP. Admettons simplement qu’on supprime ces indemnités, vous allez avoir une relation inverse entre l’engouement pour aller au CNDP et la véritable volonté d’aller y travailler. Or de mon point de vue, quand on entre en politique c’est d’abord un sacerdoce, il faut y aller parce qu’il y a des convictions et des valeurs à défendre, et  y aller  pour servir le peuple et non pour se servir." 

  
Une opinion que partage également François Iré Kertoumar, coordonnateur national du parti ACTUS, Action tchadienne pour l’Unité et le Socialisme. Il propose même la suppression de ces indemnités. "J’ai demandé à ce que les gens viennent au CNDP sans argent. S’ils veulent discuter pour le pays, qu’on mette de côté le problème de l’argent.  On verra qui va venir discuter uniquement pour sortir le pays de l’ornière ou du calvaire. L’opposition n’a pas intérêt à être divisée, l’argent ne doit pas diviser. Pourquoi ceux de la majorité ne sont pas divisés ? Pourquoi à l’opposition il y a la division?  Ce n’est pas normal, ça. Des gens qui aspirent à diriger ce pays demain vont jusqu’à se battre comme des gamins, je ne sais pas ce qu’ils cherchent en politique ?" s’interroge M. Iré Kertoumar.

  
Alors que l'Assemblée générale organisée par l’opposition pour décider de la liste de ses membres au CNDP s'est transformée en foire d'empoigne, pour le nouveau chef de l’opposition Félix Nialbé Romadoumngar, ce désordre a au contraire tout son sens. "C’est un désordre qui est à mon avis normal, parce qu’on avait un problème. Seulement 15 places pour 92 partis politiques donc quel que soit le critère que nous mettrons en place, ça ne donnera pas satisfaction à 100%. C’est ce qui a créé du mécontentement," souligne-t-il.

  
Pendant que les partis d’opposition se divisent, le parti au pouvoir, le Mouvement patriotique du Salut MPS, se prépare activement pour les prochaines élections locales et législatives prévues d’ici décembre 2019. Et c’est l’opposition  qui risque d’en sortir perdante à l’issue de ces échéances.