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Teddy Mazina réagit à la déclaration des ambassadeurs

Dirke Köpp
29 mai 2020

Pour l'activiste burundais, Teddy Mazina, le fait d’avoir pris acte augmente aussi la pression sur le candidat élu. Les diplomates ont insisté dans leur déclaration sur l’importance de la non-violence au Burundi.

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Le photographe et activiste burundais, Teddy Mazina
Le photographe et activiste burundais, Teddy MazinaImage : DW/D. Pelz

Les chefs de missions diplomatiques accrédités au Burundi ont pris acte des résultats provisoires des élections du 20 mai dernier.

Ce qui équivaut à une reconnaissance de la victoire de général Evariste Ndayishimiye, candidat du parti CNDD-FDD au pouvoir, par les diplomates alors que le recours du candidat de l’opposition, Agathon Rwasa, est toujours en cours d'examen.

La réaction de Teddy Mazina

Pour le photographe et activiste burundais, Teddy Mazina, explique que cette reconnaissance augmente aussi la pression sur le candidat élu :

"Je pense deux choses. La première est qu’on remarque que le groupe des ambassadeurs, le groupe des missions diplomatiques, est assez disparate. Il est composé de pays qui ont toujours été là, même dans les moments les plus sanglants du régime Nkurunziza.

Mais aussi de pays qui ont toujours dit non, qui ont d'ailleurs imposé des sanctions à ce régime-là, qui n'ont jamais accepté les violences et qui réclamaient justice sur certains sujets ou certaines violations des droits humains.

"C'est une demi-victoire diplomatique pour le nouveau candidat élu..." (Teddy Mazina)

On peut comprendre que tout le monde veuille se dire : personne ne sera pire que Nkurunziza de toutes façons et les cinq dernières années que le Burundi vient de passer.

Donc, nous allons montrer patte blanche en disant : nous vous donnons votre chance. Même si l'opposition est encore en train de discuter d’irrégularitésou parler de fraude ou d'usurpation de suffrages.

La deuxième chose est que ce groupe a pu être composé d'un groupe moteur, d’un groupe locomotif. Donc, ils peuvent avoir été moteurs et appeler les autres à dire : nous allons faire une déclaration qui ne nous engage pas à grand-chose, il s'agit de prendre acte.

Mais cette déclaration, finalement, va servir au camp du pouvoir, elle est au détriment de l'opposition. Donc c'est une demi-victoire diplomatique pour le nouveau candidat élu.

Mais cela le soumet aussi à l'idée qu'il devra donner des gages : au niveau de la justice, au niveau des droits de l'homme et aussi au niveau des relations diplomatiques à venir.

Donc, nous pouvons prendre la déclaration comme ça. Verra-t-on de prochains développements ? Verra-t-on comment les missions diplomatiques, mais aussi les Etats occidentaux, réagiront à ce nouveau président qui arrive avec le bagage sombre du régime du président qu'il remplace ?"

Les Etats européens essaient depuis 2015 de résoudre la crise au Burundi en accentuant la pression sur le régime du « encore-président » Pierre Nkurunziza, mais sans succès.

Selon certains analystes, la déclaration des ambassadeurs montre la volonté de la communauté internationale de renouer le dialogue avec le pouvoir burundais, afin de retrouver une certaine influence et tenter d'aider le peuple burundais, première victime de la crise.