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Tombouctou est en péril

Ramata Soré2 juillet 2012

Depuis deux jours, les islamistes d'Ansar Dine détruisent les mausolées de la ville sainte. Ils s'en sont pris aussi à la mosquée de Sidi Yahia, l'une des merveilles de Tombouctou, inscrite au Patrimoine mondial.

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Des rebelles islamistes sèment la terreur dans le nord du Mali
Image : Reuters

C'est à l'aide de pioches que les salafistes du groupe Ansar Dine ont brisé la porte de la mosquée Sidi Yahia. Une entrée fermée depuis plusieurs décennies parce que, selon les croyances locales, son ouverture porte malheur à la ville. La mosquée de Sidi Yahia, comme celles de Djingareyber et Sankoré, fait partie des trois grandes mosquées de la ville de Tombouctou. Trois véritables joyaux de la ville. Impuissants face aux opérations de destruction enclenchées par les islamistes salafistes, les habitants de Tombouctou sont restés réservés.

Tombouctou, un patrimoine en péril

Le 28 juin dernier, l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture) a inscrit Tombouctou sur la liste du Patrimoine mondial en péril. Surnommée la "Perle du désert", la ville qui a été fondée au XIe siècle demeure encore aujourd'hui comme un symbole rare de la puissance de l'empire Songhaï. C'est d'ailleurs à ce titre que, depuis 1988, Tombouctou est inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco. Ce patrimoine est toutefois depuis quelques temps récusé par les salafistes d'Ansar Dine qui contrôlent la ville. Les islamistes ont promis de détruire les 16 sites classés de la ville en dépit de l'appel lancé par l'Unesco pour la protection de ce patrimoine.

La CPI condamne la destruction des vestiges historiques

die grosse Moschee von Timbuktu
La Grande mosquée de TombouctouImage : picture-alliance / Désirée von Trotha

La procureure de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, a déclaré que la destruction des sites historiques de la ville de Tombouctou pouvait être considérée comme un "crime de guerre" passible de poursuites judiciaires. En revanche, certains Maliens vivant à Bamako estiment que la destruction des mosquées de la ville sainte n'est pas plus importante que les morts d'hommes et autres exécutions sommaires infligées aux populations civiles par les groupes armés.

Pour Oumar Ould Hamaha, porte-parole d'Ansar Dine, l'objectif du groupe islamiste demeure l'application stricte de la charia, la loi islamique. Ce qui signifie la destruction des tombes et autres des idoles, fussent t-ils millénaires parce que prohibés par la pratique de l'islam que prône Ansar Dine.

La condamnation de Bamako

Le gouvernement malien a condamné ces actes et appelé les islamistes à arrêter de démolir les mausolées de Tombouctou. Le Haut Conseil islamique du Mali et l'Association des leaders religieux en ont fait de même. Tous ont dénoncé la destruction des mosquées. L'Association des leaders religieux a par ailleurs indiqué que même le prophète Mahomet visitait en son temps des tombes et des mausolées. Pour Bamako, ce qui se passe à Tombouctou est simplement de "l'intolérance".