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Discorde autour de la transition de deux ans au Mali

Mahamadou Kane
7 juin 2022

Les autorités de la transition ont fixé la durée de la transition à deux ans, contredisant la volonté de la Cédéao.

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Assimi Goïta et des membres de la Cour suprême
Assimi Goïta, qui parle désormais de deux, projetaient de gouverner jusqu'à cinq années de plus en début d'annéeImage : Annie Risemberg/AFP

Au Mali, les autorités militaires ont fixé à deux ans la durée de la transition, "à compter du 26 mars" dernier. L'information a été donnée lundi soir, le 6 juin, par le porte-parole du gouvernement, le colonel major Abdoulaye Coulibaly, qui lisait à la télévision nationale un décret signé par le colonel Assimi Goïta. Une décision prise 48 heures après le sommet de la Cédéao tenu à Accra au Ghana. Bamako officialise donc la durée de la transition alors qu'aucun compromis n'a été trouvé avec l'institution sous-régionale qui a d'ailleurs rejeté cette durée de deux ans. 

Contradiction avec la Cédéao

Selon Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, la prolongation de la transition malienne de 24 mois a été validée par la Cédéao en marge du sommet. Mais sa déclaration contredit celle de la Cédéao qui a rejeté cette durée et rappelé qu'elle souhaitait une transition de 16 mois.

Réécouter → Mali : faut-il prolonger la transition ?

"Les autorités de la transition de la refondation du Mali ont pris leur responsabilité, leur courage et ont tenu ce que veut la population en majorité", réagit Allaye Bocoum de la Convention pour le Mali, qui soutient les autorités militaires. Il parle d'une "décision souveraine", mettant en avant "cette population qui ne cesse de se mobiliser pour réclamer que le Mali retrouve sa souveraineté, sa dignité et son honneur". Et Allaye Bocoum de dénoncer "les tergiversations de l'organisation sous-régionale qui, depuis le mois de mars dernier, a fait miroiter la levée des sanctions".   

Manifestation contre les sanctions de la Cédéao à Bamako en mai 2022
Les sanctions prises par la Cédéao ont provoqué des réactions très négatives dans la population, très affectéeImage : Boureima Soulo/DW

Situation plus clair début juillet ?

Hamidou Doumbia, du parti Yelema, regrette de son côté le manque de consensus autour de ce décret présidentiel. Celui-ci affirme que sa formation politique n'a pas été associée à cette prise de décision et ne cache pas ses inquiétudes. "Nos populations souffrent. Tous les Maliens attendent que l'embargo soit levé et que les autorités maliennes de la transition et la Cédéao s'entendent", insiste-il. "Mais s'il y a, comme on semble le dire, des contradictions, cela nous inquiète par rapport aux décisions futures qui seront prises lors du prochain sommet de l'organisation sous-régionale, prévu le 3 juillet."

Sommet de la Cédéao à Accra en septembre 2021
Depuis 2020, la Cédéao multiplie les sommets, les médiations et les pressions Image : Nipah Dennis/AFP

Cette contradiction entre les déclarations des autorités maliennes et celles de la Cédéao sur la durée de la transition pourrait cependant avoir des effets positifs selon certains. "En agissant de cette façon, le gouvernement de transition oblige la Cédéao a poussé ses derniers pions", estime Alexis Kalembry, directeur de publication à Mali Tribunes. "L'avantage de cette publication est qu'au moins, on sera fixé sur comment on sera traité et quels seront nos liens futurs avec la Cédéao."  

De plus en plus, la question sur l'avenir du Mali au sein de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest revient dans le débat. Le sommet ordinaire de l'organisation sous-régionale du mois prochain en dira peut-être plus.