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Turquie, vingtième journée de contestation

Philippe Pognan20 juin 2013

À Ankara, la capitale, mais aussi à Istanbul comme dans d'autres villes, des protestations quotidiennes se déroulent depuis le 31 mai contre le gouvernement du Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.

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Image : picture alliance / Kyodo

Cela fait 20 jours que la Turquie est agitée par des manifestations contre le gouvernement du Premier Ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan. Mais les contestataires ont changé de tactique.

Même si la nuit dernière encore, des policiers anti- émeutes ont dispersé plusieurs centaines de protestataires dans la capitale Ankara, le caractère des manifestations souvent bruyantes, agitées et réactives, a changé. Maintenant, les forces de l'ordre sont confrontées à une forme de résistance passive, à des centaines, voire des milliers de gens qui, silencieux et calmes sont simplement là, debout, sans bouger dans les rues et sur les places publiques.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, maintient cependant sa politique de fermeté. Plus de 3000 personnes ont été arrêtées depuis le début de la fronde populaire le 31 mai dernier. Plusieurs douzaines d'entre elles sont toujours en détention. Selon l'Agence de presse turque Anadolu, la nuit dernière encore 13 personnes ont été arrêtées. Les services de sécurité les accusent entre autres d'être les auteurs d'acte de vandalisme, d'usage d'engins incendiaires et d'incitation à la révolte. Les suspects seraient membres d'un groupe d'extrême gauche illégal, identifiés sur des vidéo de surveillance policière.

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Ankara, Kennedy Street Kennedy dans la nuit du 18 juinImage : Reuters

Erdogan se croit toujours assuré du soutien d'une majorité de la société, fort des plus de 50% obtenus lors des dernières législatives, cependant les choses pourraient peu à peu changer. Dorothée Schmid, responsable du programme Turquie contemporaine à l'IFRI, l'Institut francais des Relation Internationales :

« Il y a une petite chose qui sur le fond érode la base de confiance des Turcs vis-à-vis de Recep Tayyip Erdogan , il ne faut pas le perdre de vue quand on analyse les évènement de politique intérieure turque, c'est la crise syrienne aujourd'hui et la tentative de règlement de turco-kurde. Donc, en fait on avait un ministre qui était très concentré sur des enjeux de politique extérieure, des enjeux régionaux et qui a peut-être négligé le concensus interne en Turquie sachant que sur ces deux dossiers -la Syrie et la question kurde- il y avait déjà un début de détachement de son opinion… »

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Manifestation silencieuse près de la place Taksim à IstanbulImage : Reuters

Et selon, le politologue Cengiz Aktar de l'université Bahçesehir d'Istanbul, le mouvement pour plus de démocratie va continuer d'une façon ou d'une autre, il va sans doute se transformer en une forme de désobéissance civile. Selon lui le gouvernement d'Erdogan a les moyens physiques, mais pas les moyens intellectuels de composer avec ces revendications démocratiques.

Le quotidien turc de langue anglaise Today's Zaman, un journal jusque-là proche du gouvernement, a publié un sondage qui ne crédite le parti de Recep Erdogan que de 35,3% d'intentions de vote, une forte baisse comparé au plus de 50% récoltés lors des élections législatives de 2011.