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Un génocidaire présumé jugé au Rwanda

Solange Ayanone (Kigali)26 février 2014

Le premier procès renvoyé par le TPIR à la justice rwandaise s'est ouvert à Kigali. Le pasteur pentecôtiste Jean-Bosco Uwinkindi est jugé pour génocide, extermination et crimes contre l'humanité.

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Jean Bosco Uwinkindi comparaît depuis mercredi (26.02.14) devant la Haute Cour de Kigali
Jean Bosco Uwinkindi comparaît depuis mercredi (26.02.14) devant la Haute Cour de KigaliImage : Getty Images/AFP

Jusqu'à présent le tribunal a transféré deux dossiers et deux présumés coupables au Rwanda. La demande avait été formulée par le Rwanda auprès de l'ONU afin de rendre justice là où les crimes ont été commis. Mais des doutes s'expriment malgré tout sur l'indépendance de la justice rwandaise.

Message d'espoir pour les rescapés

Ce premier procès, qui s'est ouvert mercredi matin à la chambre spéciale de la Haute Cour de Kigali, intéresse les Rwandais, et particulièrement ceux de Ngenda, dans l'est du Rwanda, où le pasteur vivait avant le génocide. Albert Gasake, chargé des affaires juridiques au sein d'Ibuka, la principale association des rescapés du génocide, estime qu'il est « louable que le Tribunal pénal international pour le Rwanda ait renvoyé certains présumés coupables du génocide comme Uwinkindi au Rwanda, car les rescapés du génocide pourront participer à ces procès qui sont maintenant proches d'eux. »

20 ans après le génocide, la justice n'a pas encore achevé son travail
20 ans après le génocide, la justice n'a pas encore achevé son travailImage : picture alliance/AP Photo

Selon lui, la présence de ces génocidaires présumés au Rwanda est un « message significatif ». Voir Uwinkindi devant le tribunal « en tenue rose de prisonnier avec des policiers derrière lui, c'est un grand événement, mais c'est aussi un message d'espoir pour des rescapés du génocide », affirme Albert Gasake.

Des procès sous observation

Le TPIR continue à transférer au Rwanda les dossiers non encore jugés car il doit clôturer ses activités au 31 décembre 2014. D'autres pays comme le Canada ont aussi procédé depuis l'année passée au transfert de présumés coupables de génocide. Ceux-ci doivent être jugés par une seule chambre spécialisée de la Haute Cour, ce qui risque de prendre plus de temps dans le jugement. La communauté internationale tient à observer si les droits des accusés sont bien respectés dans ces procès tenus au Rwanda.

Le TPIR, dont le siège est à Arusha, en Tanzanie, doit fermer ses portes fin 2014
Le TPIR, dont le siège est à Arusha, en Tanzanie, doit fermer ses portes fin 2014Image : Tony Karumba/AFP/Getty Images

Les médias nationaux et internationaux sont aussi présents dans ce genre de procès. Fred Muvunyi est journaliste reporteur judiciaire au journal local « Izuba rirashe ». « Le langage, le matériel et les pratiques utilisés pendant le génocide sont mieux compris par les Rwandais que par les étrangers, ce qui est bénéfique pour les Rwandais. Les procès du TPIR se basaient sur des preuves scientifiques, mais ici les témoins suffisent comme preuves. » Le journaliste s'inquiète en outre de « pressions » qui pourraient être exercées sur les juges par le pouvoir.

Avec le procès d'Uwinkindi, l'association des rescapés Ibuka souhaite une réparation matérielle pour les crimes commis. L'association estime que l'État rwandais doit contribuer à cette réparation car le génocide a été commis au nom de l'État et que certains coupables n'ont pas suffisamment de moyens pour payer les dégâts causés.