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Un ministre en mauvaise posture

Anne Le Touzé11 juin 2013

En une des journaux, les suites de l'affaire des drones qui risque de coûter son poste au ministre allemand de la Défense. Mais également, le scandale de la cybersurveillance aux États-Unis qui touche aussi l'Allemagne.

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Thomas de Maizière
Thomas de MaizièreImage : picture-alliance/dpa

Thomas de Maizière a multiplié ces derniers temps les déclarations contradictoires à propos de l'abandon d'un projet d'acquisition de drones pour l'armée allemande. Il faisait peine à voir ces derniers jours, embourbé jusqu'aux genoux dans les régions inondées, commente la Süddeutsche Zeitung. Le journal voit dans cette image le symbole de la déchéance du ministre qui, jour après jour, s'enfonce dans des contradictions de plus en plus évidentes. Celui qui était l'un des espoirs du parti conservateur est en train de devenir un boulet pour la CDU. Reste à savoir combien de temps la chancelière va encore s'accrocher à lui. Jusqu'ici, Angela Merkel s'est bien gardée de le montrer du doigt. Mais on peut être sûr que le ministre sera éjecté à partir du moment où cela servira plus les conservateurs que son maintien en poste, prédit la Süddeutsche.

La commission d'enquête chargée de faire la lumière sur "l'affaire Euro Hawks"
La commission d'enquête chargée de faire la lumière sur "l'affaire Euro Hawks"Image : picture-alliance/dpa

Depuis qu'il est mis en cause,Thomas de Maizière ne cesse de mettre en avant que l'important n'est pas le moment où il a été au courant mais plutôt le fait d'avoir pris la bonne décision, souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung. On verra si l'opinion publique et la CDU le suivront sur ce point. L'opposition peut en tout cas le remercier d'avoir révélé l'affaire à quelques mois des élections. Le journal note que le scandale lui-même, à savoir les drones Euro Hawks et les millions qu'ils ont coûtés, ne semble plus intéresser personne.

Cybersurveillance : l'Allemagne doit agir

Un autre scandale suscite de nombreux commentaires, celui de l'espionnage de données téléphoniques et internet par les renseignements américains. Depuis l'invention de l'usage commercial d'internet il y a 20 ans, écrit le Handelsblatt, les citoyens et les entreprises ont vécu dans l'illusion que le monde était devenu plus ouvert et plus transparent. Ce à quoi ils n'avaient pas pensé, c'est que l'État a lui aussi reconnu l'intérêt d'utiliser internet pour la surveillance et le contrôle. Garantir la sécurité est l'un de ses devoirs régaliens. On peut donc comprendre pourquoi les Américains sont si peu enclins à critiquer l'espionnage des données.

Edward Snowden, ex-employé de la NSA qui a déballé l'affaire
Edward Snowden, ex-employé de la NSA qui a déballé l'affaireImage : Reuters/Ewen MacAskill/The Guardian/Handout

En Allemagne, les lois sur la protection des données sont sévères, rappelle la Berliner Zeitung. Le gouvernement doit s'exprimer au plus vite sur ce qu'il compte faire par rapport au prélèvement clandestin de données de citoyens allemands dans cette affaire, ainsi que sur la question de savoir si les renseignements allemands étaient au courant et se sont peut-être eux aussi largement servis au passage, en toute illégalité.

Pour die tageszeitung, les programmes de surveillance attaquent des droits fondamentaux que les citoyens des démocraties occidentales sont trop naïfs de croire qu'ils sont en danger. Le journal appelle l'Allemagne à faire non seulement la lumière sur cette affaire et à se protéger, mais aussi à offrir l'asile politique à Edward Snowden, celui qui a révélé le scandale au grand jour.