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Un salaire minimum pour l'Allemagne?

Aude Gensbittel24 août 2004

Une fois de plus, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté hier dans plusieurs villes d’Allemagne. Depuis trois semaines, des manifestants se réunissent chaque lundi pour protester contre Hartz IV, la grande réforme du marché du travail du gouvernement rouge-vert. Une réforme dont ils exigent tout simplement le retrait. Pour calmer les esprits, le président du parti social-démocrate, Franz Müntefering, a proposé l’instauration d’un salaire minimum. Une idée qui est loin d’enthousiasmer les journaux allemands.

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Manifestation de lundi contre Hartz IV à Leizig
Manifestation de lundi contre Hartz IV à LeizigImage : AP

Pour la Berliner Zeitung, même s’il n’est pas officiel, dans les faits le salaire minimum existe déjà depuis longtemps en Allemagne. Actuellement c’est l’équivalent de l’aide sociale. A partir de l’année prochaine, ce sera l’équivalent de la nouvelle allocation chômage. Car selon le journal, il est difficile de convaincre qui que ce soit d’accepter un travail à temps plein qui paierait moins que l’aide sociale accordée aux chômeurs.

La Tageszeitung dresse quant à elle un palmarès des montants du salaire minimum dans l’Union Européenne. Au Luxembourg, il culmine à 1400 euros par mois, en France, il atteint 1100 euros, en milieu de liste, la Grèce avec 500 euros, et tout en bas, la Lettonie, avec seulement 121 euros par mois. Nos voisins ont eu des expériences très diverses avec le principe de salaire minimum, écrit le quotidien. Franz Müntefering veut l’introduire pour apaiser les craintes de dumping salarial. Mais le salaire minimum n’est pas compatible avec le système de convention collective très complexe qui existe en Allemagne, et ça, Franz Müntefering le sait très bien. Mais voilà, conclut la taz, le président du SPD ne veut plus parler de Hartz IV et le nouveau débat offre une excellente diversion.

Pour la Frankfurter Rundschau, même les plus beaux accords de convention collective n’empêchent pas que les emplois sous payés se multiplient dans certaines branches et dans certaines régions. Mais le salaire minimum légal n’est que l’une de plusieurs possibilités pour remédier au problème. Et c’est aussi la moins réaliste en ce moment, poursuit le journal, car elle a peu de chance d’être acceptée par l’opposition chrétienne-démocrate dans la chambre des Länder.

Die Welt, enfin, se demande pourquoi le président du SPD cherche volontairement à s’attirer des problèmes. Car pour le quotidien, l’introduction d’un salaire minimum ne peut avoir que des conséquences négatives. S’il est fixé vraiment bas pour renforcer l’économie et favoriser les investissements, l’Allemagne sera vite accusée de payer ses employés comme un pays du tiers-monde. Par contre si le SPD fixe un montant trop élevé, il empêchera la reprise économique. Ce dont l’Allemagne a besoin, conclut le journal, ce n’est pas d’un salaire minimum, mais de plus de dérégulation.