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Une mission d'observation controversée

30 décembre 2011

Au deuxième jour de la tournée d'inspection des observateurs de la Ligue arabe en Syrie, les violences ont continué. Près d'une quinzaine de manifestants ont été tués jeudi dans la ville de Homs.

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This image made from amateur video and released by Shaam News Network Wednesday, Dec. 28, 2011, purports to show Syrian riot police standing guard during clashes with protesters in Homs, Syria, Tuesday, Dec. 27, 2011. (Foto:Shaam News Network via APTN/AP/dapd) THE ASSOCIATED PRESS CANNOT INDEPENDENTLY VERIFY THE CONTENT, DATE, LOCATION OR AUTHENTICITY OF THIS MATERIAL. TV OUT
Homs est l'un des bastions du mouvement de contestationImage : dapd

Au moins 70 personnes ont été tuées depuis l'arrivée des observateurs. Or, ceux-ci sont chargés de vérifier le respect du plan de paix signé en novembre entre la Ligue arabe et le régime de Bachar el-Assad. D'où les critiques de l'opposition qui se déclare de plus en plus déçue par la mission d'observateurs.

Les observateurs constamment escortés

Members from Arab League observers delegation walk in a government building during their visit Deraa city southern Syria, December 29, 2011, in this handout photograph released by Syria's national news agency SANA. REUTERS/Sana/Handout (SYRIA - Tags: POLITICS) FOR EDITORIAL USE ONLY. NOT FOR SALE FOR MARKETING OR ADVERTISING CAMPAIGNS. THIS IMAGE HAS BEEN SUPPLIED BY A THIRD PARTY. IT IS DISTRIBUTED, EXACTLY AS RECEIVED BY REUTERS, AS A SERVICE TO CLIENTS
Après Homs, les observateurs se sont notamment rendus à DeraaImage : Reuters

Un groupe d'observateurs essuie de près des échanges de tirs à Bab Amr, l'un des quartiers les plus dangereux de Homs, un des bastions de la révolte. Sur une vidéo amateur, on les voit dans leur gilets oranges chercher à s'abriter pour échapper aux balles. Si les observateurs sont pris sous le feu, c'est parce que des habitants désespérés sont venus à eux pour tenter de leur expliquer la situation. Les observateurs de la Ligue arabe sont constamment escortés par des agents de la sécurité syrienne. Aussi la plupart des gens n'osent pas leur parler. Cet homme a osé :

« Vous êtes venus ici à Homs pour arrêter les tueries. Mais dès que vous quittez un quartier, les forces de sécurité nous tirent dessus. Vous avez vu comment ils nous ont distribué du pain ? Ils font ça parce que vous êtes là. Avant on n'avait pas eu de pain pendant cinq jours. Comment peut-on parler alors que le sang continue de couler? 100 000 sont descendus dans la rue ici, parce qu'ils attendent quelque chose de votre part. Ils se sont rassemblés parce qu'on a dit si les observateurs sont là, ils ne tireront pas. Et puis ils ont tué 15 personnes. »

La mission de la Ligue arabe est aussi sous le feu de la critique parce que les quelque 150 observateurs n'ont pas accès aux installations militaires « sensibles » du pays , sans que l'on sache exactement ce qui entre dans cette définition. Leurs portables personnels ont été échangés contre des portables syriens. Mais la colère et la méfiance de la population se concentre surtout sur le chef de la mission.

« Situation calme à Homs »

Sudan's Lt. Gen. Mohamed Ahmed Mustafa Al-Dabi, the head of the Arab League monitoring mission to Syria, is pictured during a meeting in Khartoum on December 21, 2011. Launched in the hopes of ending months of unrest and quelling the regime's violent crackdown on dissent, the Arab League observer mission has been welcomed by Syria, but the opposition has been critical and called instead for the issue to be taken to the UN. AFP PHOTO / ASHRAF SHAZLY dpa (zu dpa 0985 am 27.12.2011) +++(c) dpa - Bildfunk+++ pixel
Le général Mohamed Ahmed Mustafa Al-Dabi est un personnage controverséImage : picture-alliance/dpa

« RAS, rien à signaler à Homs, la situation est calme ! » Cette déclaration surprenante du général soudanais Mohammed al-Dabi seulement quelques heures après son arrivée à Homs est considérée comme du cynisme par les habitants. Mais pas seulement à Homs. L'ancien chef des services secrets soudanais est de plus en plus critiqué au niveau international. Ce que confirme l'expert pour le Moyen-Orient Joseph Kechechian :

« Il faut se demander si le général al-Dabi est la bonne personne pour diriger cette mission, surtout si l'on considère son passé ! Il y va aussi de la réputation de la Ligue arabe. Elle devrait faire les choses de manière sérieuse, le monde entier est spectateur. »

Le général Mohammed al-Dabi est l'homme de confiance du président soudanais Omar al Béchir, recherché par la Cour Pénale Internationale de La Haye pour crimes de guerre au Darfour. Le géneral a lui-même dirigé quatre opérations dans cette région de l'ouest soudanais, où, selon l'ONU, les persécutions, tortures et exécutions auraient fait 300.000 victimes.

Auteurs : Ulrich Leidthold / Philippe Pognan
Edition : Sandrine Blanchard