Une "salle du silence" en mémoire de la colonisation allemande ? // Netanyahu veut s'accrocher au pouvoir | PROGRAMME | DW | 01.02.2019
  1. Inhalt
  2. Navigation
  3. Weitere Inhalte
  4. Metanavigation
  5. Suche
  6. Choose from 30 Languages

PROGRAMME

Une "salle du silence" en mémoire de la colonisation allemande ? // Netanyahu veut s'accrocher au pouvoir

Un groupe de travail propose de créer, dans le musée dédié aux cultures extra-européennes de Berlin qui doit ouvrir cette année, une "salle du silence", en hommage aux victimes du colonialisme allemand. Mais l'idée fait polémique. Dans ce magazine aussi : reportage en Israël en ce début d'année notamment marqué par la campagne pour les législatives.

C'est un nouveau débat, une nouvelle polémique qui éclate en ce début d'année autour du Humbold-Forum dans la capitale allemande, Berlin. Polémique autour d'une "salle du silence" sur laquelle revient votre magazine Vu d'Allemagne cette semaine.

Le Humboldt-Forum c'est quoi ?

Le Humboldt-Forum, c'est un musée qui doit ouvrir cette année à Berlin. Un musée dédié aux cultures extra-européennes, c'est à dire à toutes les œuvres non originaires d'Allemagne. Un lieu qui, depuis le lancement du projet en 2013, fait polémique.

Le musée des cultures extra-européennes doit s'ouvrir cette année dans l'ancien château de Berlin reconstruit

Le musée des cultures extra-européennes doit s'ouvrir cette année dans l'ancien château de Berlin reconstruit

Il y a d'abord le lieu choisi. Il sera situé sur la place de l'ancien château de Berlin. Un château à l'histoire chargée puisqu'il a été détruit et reconstruit au fil des siècles. C'est ce lieu qui a notamment abrité les princes prussiens, colonisateurs allemands. Un tel lieu pour abriter des œuvres venant des anciennes colonies allemandes est donc inadmissible pour certains.

Bronzes du Bénin

L'idée même d'un musée dédié aux cultures extra-européennes fait polémique. Dès le lancement du projet, un collectif demandant un moratoire était créé. Dans un long texte traduit en de très nombreuses langues, les signataires demandaient à ce que, plutôt qu'un musée, on réfléchisse à la restitution des œuvres d'arts du monde entier situées en Allemagne, y compris celles africaines, comme des bronzes du Bénin par exemple.

"La majeure part des plus de 500 000 pièces d'exposition en provenance du monde entier a rejoint la ville de Berlin dans le cadre des conquêtes coloniales. (…) Nous demandons que la lumière soit faite sur les circonstances d'acquisition de toutes les œuvres d'exposition et exigeons le respect des résolutions sans équivoque des Nations Unies relatives à la restitution des objets d'art aux pays touchés par des actes d'expropriation", écrivaient les signataires du texte.

Plus de cinq ans après, le projet a avancé, non sans polémiques. Il y a un an et demi, l'historienne Bénédicte Savoy démissionnait même du conseil consultatif du musée, dénonçant un lieu basé, selon elle, "sur 300 ans de collections, avec toutes les abominations et les espoirs qui vont avec".

Massacre des Héréros et Namas

En ce début 2019, c'est pour donc dépasser ces critiques qu'un groupe de travail propose de créer un lieu de mémoire, une salle du silence au Humboldt-Forum. "Un lieu pour réfléchir, laisser libre cours à ses pensée et à la réflexion" sur le temps de la colonisation.

L'Allemagne a restitué en août 2018 des ossements de l'époque coloniale à la Namibie

L'Allemagne a restitué en août 2018 des ossements de l'époque coloniale à la Namibie

De quoi réfléchir, par exemple, au massacre des Héréros et Namas, un massacre perpétré par les colonisateurs allemands du Sud-Ouest africain, aujourd'hui la Namibie. Entre 90.000 et 100.000 Africains y ont été tués entre 1904 et 1908.

Un tel lieu de mémoire aurait sa place dans le futur musée, selon Henning Melber, le chercheur namibien et allemand spécialiste de l'Afrique autour de qui s'est faite la proposition."Parce que la période coloniale allemande n'a pas été suffisamment étudiée, travaillée", explique-t-il. "Le Humboldt Forum est un lieu où on pourra voir des œuvres qui ont été volées dans les pays du Sud à l'époque du colonialisme allemand. Ce serait donc un point de départ pour se rappeler qu'il y a un chapitre de l'histoire allemande qui n'a pas encore été traité, bien avant l'Holocauste."

Une idée bien accueillie par la fondation en charge de ce Humboldt-Forum. Mais elle fait face aussi à des oppositions. "Je ne veux pas qu'on essaie d'installer une salle de silence à l'intérieur, c'est inacceptable pour moi", estime par exemple le militant Mnyaka Suru Mboro, originaire de Tanzanie. "Il semble qu'il s'agisse plutôt d'une publicité pour le Humboldt-Forum, mais ça ne répond pas à nos souhaits, nos demandes de parler du colonialisme et de l'esclavage."

Un monument en hommage aux victimes du colonialisme ?

Mnyaka Sururu Mboro milite pour la mémoire des peuples Herero et Nama

Mnyaka Sururu Mboro milite pour la mémoire des peuples Herero et Nama

Mnyaka Suru Mboro propose plutôt un monument public à la mémoire des victimes du colonialisme et de l'esclavage. Une opposition partagée par des historiens allemands."Ce qui me préoccupe, c'est que cet espace, s'il existe, ne favorisera pas fondamentalement le travail sur colonialisme, mais plutôt l'entravera dans le sens où les gens penseront que nous avons un espace commémoratif et que dans le reste du Humboldt-Forum, nous n'avons donc pas à traiter de cela“, estimeJürgen Zimmerer.

Il faut, selon lui, en dehors du Humboldt-Forum, un site commémoratif central pour les victimes du colonialisme allemand. "Le colonialisme spécifiquement allemand, par exemple le génocide des Hereros et Namas, ne peut pas être commémoré dans le Forum Humboldt, mais doit se faire dans un lieu central à l'extérieur."

Pour l'heure, le débat reste ouvert, il n'est pas tranché. Le responsable du groupe de travail initiateur de l'idée, Henning Melber, a entendu les critiques mais estime qu'un lieu de silence, une salle de réflexion, n'empêchera pas le débat sur la colonisation de se poursuivre, à haute voix.

+++++++++++++++++++++++++++++

Benjamin Netanyahu est empêtré dans plusieurs affaires mais tient bon

Benjamin Netanyahu est empêtré dans plusieurs affaires mais tient bon

Dans la seconde partie de ce magazine, Vu d'Allemagne prend la direction d'Israël. Le système d'interception aérien de roquettes a été déployé il y a quelques jours sur place, suite au regain de tensions à Gaza et en Syrie.

Dans un tout autre dossier, Israël réclame aussi des milliards de dollars à l'Iran, ainsi qu’à plusieurs pays arabes qui ont expulsé les juifs de leurs pays, au moment de la création de l‘Etat d’Israël, les forçant à abandonner tous leurs biens. Les indemnisations sont évaluées à un montant total de 250 milliards de dollars.

Des Congolais menacés d'expulsion

Tout cela se passe dans un contexte électoral d’élections législatives anticipées, annoncées pour début avril.

Alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se débat toujours avec plusieurs accusations de corruption, sa coalition gouvernementale a décidé de dissoudre le Parlement afin de provoquer des élections anticipées le 9 avril 2019.

Le Premier ministre met un point d’honneur à se présenter comme "l’homme de la situation" .

La situation des Congolais reste toujours en suspens. Alors qu’Israël offrait le statut de réfugiés politiques aux Congolais depuis presque vingt ans, ils sont aujourd’hui entre 300 et 400 à être menacés d’expulsion imminente.

Le gouvernement israélien estime que le retour de ces expatriés dans leurs pays d’origine ne présente plus aucun danger.

Depuis Jérusalem, Hélène Machline fait le point sur tous ces dossiers.