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Verdict clément pour un bourreau khmer

26 juillet 2010

Le tribunal chargé de juger les crimes du régime khmer rouge a condamné l'ancien chef du centre de détention S21 à 35 années d'emprisonnement. Les familles des victimes réclamaient la perpétuité.

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Ancien chef du camps S21, Kaing Guek Eav a dirigé l'extermination de 14 000 personnes
Ancien chef du camps S21, Kaing Guek Eav a dirigé l'extermination de 14 000 personnesImage : AP

Kaing Guek Eav, dit "Douch" ne fera donc que 19 ans de prison car il en a déjà passé seize sous les barreaux. Qui plus est, l'homme qui est âgé de 67 ans pourrait sortir de prison dans onze ans s'il bénéficie d'une libération conditionnelle. "C'est pire que ce à quoi nous nous attendions. Dix-neuf ans pour tous les crimes qu'il a commis. Quand quelqu'un commet un meurtre, il est condamné à 99 ans de prison. Et lui qui a tué plus de 10 000 personnes il ne reçoit que dix-neuf ans !" a commenté Chum Sirat qui a perdu deux frères durant la répression des Khmers rouges et était partie civile au procès de Douch.

14 000 personnes exterminées

Les familles des victimes ont déploré que Douch ne finisse pas sa vie derrière les barreaux
Les familles des victimes ont déploré que Douch ne finisse pas sa vie derrière les barreauxImage : AP

Cette condamnation est en effet inférieure aux réquisitions du procureur, lequel avait réclamé une peine de 40 ans. Tandis que bon nombre de Cambodgiens espéraient pour leur part que Douch soit condamné à la perpétuité. Ce dernier a été reconnu coupable de meurtre, torture, viol, actes inhumains et crime contre l'humanité pour avoir dirigé la sinistre prison connue sous le nom de S21. Une prison où 14 000 personnes ont été exterminées. Le régime Khmer Rouge, entre 1975 et 1979, a exterminé un million sept cent mille personnes. Soit un cinquième de la population du pays à cette époque.

Travail de deuil

D'autres procès d'anciens dirigeants Khmers rouges doivent avoir lieu. Mais ceux-ci s’annoncent encore plus compliqués. Quatre anciens dirigeants doivent comparaître pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, dont l'ancien président Khieu Samphan. Or chacun sait au Cambodge que l'actuel gouvernement a encore des liens historiques avec le régime khmer. De hauts fonctionnaires sont d'anciens dirigeants khmers. Le Premier ministre Hun Sen, lui-même, est un ancien soldat khmer rouge. Cela explique sans doute pourquoi le gouvernement n'est pas pressé de faire un véritable travail de deuil sur cette période de l'histoire Cambodgienne.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot