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Vers une "crise majeure" au Kenya

13 octobre 2017

Cette semaine, les journaux allemands ont suivi avec inquiétude l'évolution de la situation au Kenya après l'annonce du retrait de Raila Odinga de la présidentielle du 26 octobre.

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Des images qui n'augurent rien de bon : deux manifestants ont été tués vendredi 13 octobre dans l'ouest du Kenya
Des images qui n'augurent rien de bon : deux manifestants ont été tués vendredi 13 octobre dans l'ouest du KenyaImage : Reuters/T. Mukoya

Des milliers de manifestants dans les rues de Kisumu, le bastion de l'opposition kényane. C'est là que die tageszeitung est allée récolter des réactions après l'annonce du retrait de Raila Odinga.

Les manifestants sont presque tous de jeunes hommes, entre 14 et 24 ans, issus des bidonvilles. Ils crient et sifflent, mais comme il est encore tôt, les jeunes ne cherchent pas encore "ngang'o" –  "confrontation" en Luo, la langue locale. La police reste en retrait.

Depuis l'annulation de la présidentielle du 8 août, les supporteurs de Raila Odinga crient au vol de leur victoire
Depuis l'annulation de la présidentielle du 8 août, les supporteurs de Raila Odinga crient au vol de leur victoireImage : Getty Images/AFP/T. Karumba

Depuis deux semaines, poursuit la taz, des manifestations ont lieu dans les villes où l'opposition était arrivée en tête à l'élection du mois d'août, élection finalement annulée. Les manifestants réclament une réforme de la commission électorale avant le scrutin du 26 octobre.

L'annonce du boycott de Raila Odinga a semé la confusion. Depuis qu'un tribunal a décidé qu'Ekuru Aukot, qui avait obtenu moins d'un pourcent des voix en août, serait en lice contre le président sortant Uhuru Kenyatta en remplacement de Raila Odinga, les partisans du chef de l'opposition clament leur colère. Ils crient au vol de leur victoire du mois d'août et promettent de rendre le pays ingouvernable.

Les Kényans veulent la "normalité" selon Kenyatta

La Süddeutsche Zeitung croit savoir que Raila Odinga cherche à gagner du temps. Le Kenya a un droit électoral compliqué. Ainsi, il prévoit que si un candidat se retire de la course, il faut organiser de nouvelles élections. Cela signifierait, dans le cas présent, une nouvelle élection de la nouvelle élection, dans un délai de 60 jours…

Raila Odinga aurait donc plus de temps pour rassembler davantage d'argent pour sa campagne et accentuer la pression pour obtenir le remplacement de la commission électorale.

Raila Odinga considère que les conditions ne sont pas réunies pour des élections crédibles
Raila Odinga considère que les conditions ne sont pas réunies pour des élections crédiblesImage : Reuters/B. Ratner

De l'autre côté, poursuit la Süddeutsche, le président sortant Uhuru Kenyatta s'appuie sur l'aspiration des Kényans à la "normalité" pour justifier son maintien au pouvoir. Mais son gouvernement sait que sans Odinga dans la course, l'élection n'est pas crédible et qu'elle ne sera pas reconnue par la communauté internationale.

Ce qui fait dire à un politologue de l'université de Nairobi que le Kenya "se dirige vers une crise majeure".

Si la nervosité est aussi grande, c'est parce que le souvenir des élections de 2007 est encore vif, rappelle la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Des affrontements interethniques ont tué à l'époque plus de 1.200 personnes, 600.000 autres ont été déplacées.

L'économie kényane touchée par la crise politique

Les conséquences économiques sont aussi source d'inquiétude. Le Kenya est le moteur économique de l'Afrique de l'Est, une région à fort potentiel pour les investisseurs. L'instabilité politique au Kenya pourrait vite s'étendre aux pays voisins, explique la FAZ.

Le pays est déjà à moitié paralysé par la préparation des élections et cela met en rage les organisations professionnelles. "Personne ne sort gagnant si la productivité du pays est à terre", a ainsi critiqué l'Alliance du secteur privé, citée par le quotidien de Francfort.

La RDC veut garder son cuivre

Les Congolais ne voient de leurs richesses minières que la poussière et l'exploitation, des enfants notamment
Les Congolais ne voient de leurs richesses minières que la poussière et l'exploitation, des enfants notamment Image : Getty Images/P. Pettersson

Le gouvernement congolais a mis en demeure Sicomines, la plus grande société chinoise en RDC et l'une des principales entreprises implantées dans la région minière du Katanga.

Dans un courrier du 11 septembre rendu public le 9 octobre, le ministre des Mines a indiqué à la Sicomines qu'elle ne recevrait plus d'autorisation pour faire sortir du pays du cuivre et du cobalt non transformés.

La lettre a entraîné l'arrêt de 112 camions chargés de minerais. En réalité, précise die tageszeitung, ce principe est en vigueur depuis 2013, mais l'exportation a continué car le pays ne dispose pas des capacités pour raffiner localement des minerais qu'il produit en quantité.

Cette année, le Congo a extrait plus d'un million de tonnes de cuivre – un record – et plus de 16.000 tonnes de cobalt
Cette année, le Congo a extrait plus d'un million de tonnes de cuivre – un record – et plus de 16.000 tonnes de cobaltImage : Getty Images/AFP/F. Scoppa

Selon la taz, il est osé de la part du gouvernement congolais de s'attaquer à la Sino-Congolaise des Mines. Celle-ci est au cœur du deal de la Chine en Afrique: un accord de dix milliards de dollars, signé en 2007, autorise ainsi les entreprises chinoises à extraires des minerais au Congo en échange de la construction d'infrastructures.

On peut se demander si la RDC, qui est au bord de la faillite, peut se permettre un conflit avec un de ses derniers alliés internationaux.

En attendant, il y a des effets secondaires positifs: depuis lundi, les cours du cuivre sont montés en flèche dans les bourses internationales.

Deutsche Welle Anne Le Touzé
Anne Le Touzé Journaliste au programme francophone de la DWnanetouz