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Vers une normalisation des relations entre l'Arménie et la Turquie

Konstanze von Kotze / Anne Le Touzé1 septembre 2009

L'Arménie et la Turquie ont annoncé qu'elles signeraient mi-octobre deux accords en vue de normaliser leurs relations et permettre la réouverture de leur frontière commune.

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Le président turc Abdullah Gül et le président arménien Serj Sarksian en 2008Image : DPA

Cela faisait déjà deux ans que la Turquie et l'Arménie tentaient de se rapprocher. De feuille de route en visite officielle - le miracle s'est finalement produit. Ou du moins est-il attendu pour la mi-octobre sous la forme de deux protocoles. L'un doit permettre l'établissement de relations diplomatiques, l'autre le développement de liens bilatéraux. La frontière turco-arménienne, fermée depuis 1993, devrait elle être rouverte au cours des deux mois suivant la mise en vigueur des protocoles. Outre la Suisse qui a servi de médiateur dans les négociations, c'est aussi Barack Obama, le président américain, qui a contribué au rapprochement entre Erevan et Ankara. Début avril, il était en visite en Turquie :

Gedenken an Völkermord in Armenien
Entre 1915 et 1917, les massacres et déportations d'Arméniens ont fait plus d'un million et demi de morts selon les Arméniens, 300.000 à 500.000 selon la TurquieImage : AP


"Ce n'est pas mon point de vue qui compte mais celui des Arméniens et des Turcs. S'ils font des progrès et s'ils arrivent à travailler sur leur histoire qui est à la fois difficile et tragique, le reste du monde doit essayer de les soutenir. Moi-même je souhaiterais être aussi constructif que possible en encourageant de manière énergique cette avancée entre les deux pays."


Les protocoles prévoient également la création d'une commission commune chargée d'examiner la dimension historique des désaccords entre l'Arménie et la Turquie. Car ces longues années d'hostilité ont principalement été nourries par les divergences sur la question des massacres d'Arméniens survenus dans l'Empire ottoman entre 1915 et 1917. L'emploi du mot "génocide" en particulier a toujours été refusé par la Turquie, ce qui explique que l'accord trouvé hier n'enthousiasme pas tout le monde, à commencer par de nombreux nationalistes arméniens.

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La région du Haut-Karabakh, peuplé majoritairement d'Arméniens

Et puis il y a aussi l'Azerbaïdjan, voisin oriental de l'Arménie, qui pourrait grincer des dents, à cause d'un conflit territorial non résolu. Pour la Turquie cependant, la normalisation de ses relations avec l'Arménie ne peut être qu'une bonne chose en vue de son adhésion à l'Union européenne. Heinz Kramer, de l'Institut allemand pour la politique internationale et la sécurité :

"Dans un premier temps je pense que l'Union européenne ne doit rien faire de plus que de saluer clairement cette détente dans les relations entre l'Arménie et la Turquie. Notamment parce que cela va faciliter le développement du processus d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Car il est clair que sans l'ouverture de la frontière turco-arménienne, l'adhésion de la Turquie ne serait pas envisageable".

Pour l'Arménie aussi, ce rapprochement serait très bénéfique, notamment sur le plan économique. Le prochain grand rendez-vous est fixé au 14 octobre. Le président arménien Serj Sarksian est invité à passer la frontière pour assister à un match de football Turquie-Arménie.