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Le torchon brûle entre Ankara et La Haye

Philippe Pognan
13 mars 2017

Un thème domine les commentaires des journaux ce lundi : l’expulsion par les Pays-Bas de la ministre turque de la Famille et le refus du gouvernement néerlandais d'autoriser une visite du chef de la diplomatie turque.

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Türkei Istanbul Niederländisches Konsulat türkische Flagge
Un militant pro-Erdogan a hissé le drapeau turc sur le toit de l'ambassade néerlandaise à IstanbulImage : Getty Images/AFP/Y. Akgul

Alors que Recep Tayyip Erdogan est en pleine campagne pour renforcer ses pouvoirs présidentiels lors du référendum du 16 avril, aux Pays-Bas des élections législatives sont prévues après-demain mercredi. Or, les derniers sondages donnent le parti du député anti-islam Geert Wilders second, juste derrière le Premier ministre Mark Rutte, candidat aux législatives. Plusieurs éditorialistes estiment que Mark Rutte a voulu montrer sa fermeté vis-à-vis du président islamiste pour ne pas perdre du terrain face à son rival.

Rotterdam Verhältnis der Niederlande und der Türkei
A Rotterdam, aux Pays-Bas : une affiche avec le portrait de Recep Tayyip Erdogan en faveur du OUI (Evet) au référendum constitutionnel du 16 avril en Turquie.Image : DW/K. Brady

Le quotidien Die Welt estime toutefois que : "Quand une ministre turque est retenue par des douzaines de policiers et que la diplomatie fait place à l’humiliation, cela est la pire de toutes les options possibles. Cela ne fait que renforcer la droite nationaliste européenne qui mène campagne avec une image déformée de l’Islam. Cela renforce aussi le président turc Erdogan, qui lui mène campagne avec une image déformée de l’Europe afin de rassembler des voix pour son référendum constitutionnel."

Le quotidien Mittelbayrische Zeitung constate "qu’à la différence de la chancelière allemande pondérée et diplomate, le chef du gouvernement néerlandais  Mark Rutte, en pleine campagne électorale, a lui clairement fixé des limites aux meetings électoraux de ministres turcs dans son pays. Tant de fermeté et de détermination face au „Boss du Bosphore„ et à ses seconds qui veulent s’approprier tous les pouvoirs sont surprenantes. On ne peut qu’en souhaiter au moins une petite dose aux silencieux diplomates de Berlin et Bruxelles."

Niederlande Straßenschlacht vor dem Türkischen Konsulat in Rotterdam
Aux Pays-Bas, heurts violents entre militants turcs et policiers néerlandais devant le consulat de Turquie à Rotterdam.Image : Reuters/D. Martinez

"Les images en provenance des Pays-Bas assurent au président turc exactement la publicité dont il a besoin," critique le quotidien  Landeszeitung : "Car la confrontation ne fait qu’enflammer le nationalisme turc et produire de nouveaux partisans pour Erdogan. Les comparaisons avec les nazis et les accusations de fascisme sont une escalade calculée et voulue de la part d’Ankara.", conclut le journal de Lunebourg… 

Türkei Demonstration vor der niederländischen Konsulat in Istanbul
En Turquie, manifestation devant le Consulat néerlandais à Istanbul.Image : picture alliance/AA/A. Coskun

" Cela vaut aussi bien pour les Pays-Bas que pour l'Allemagne: interdire à des politiciens turcs de prendre la parole, ne fait que desservir le président Recep Tayyip Erdogan", souligne également le quotidien Weser-Kurier

Selon la Süddeutsche Zeitung, "l'Union européenne ne peut pas empêcher la disparition de la démocratie en Turquie. Mais elle doit y réagir. Une suspension provisoire mais formelle de la procédure d'adhésion de la Turquie à l’Union européenne est inévitable!"

 

Angela Merkel à Washington

Demain la chancelière allemande Angela Merkel sera à Washington  pour sa première visite officielle depuis l’arrivée à la présidence de Donald Trump il y a 50 jours.

 "Deux modèles politiques se rencontrent à Washington", estime la taz, die tageszeitung de Berlin: "L’un est fiable et précis comme une montre suisse, l’autre, une pochette-surprise remplie de pétards. Les deux dirigeants pourraient aborder de nombreux thèmes, du libre échange commercial face au slogan  'America First' en passant par les dossiers OTAN, politique migratoire, G-20 ou conflit ukrainien. Pour la taz, le problème s’appelle Donald Trump. Reste à savoir de quelle manière discuter de ces dossiers. La visite de la chancelière à Washington sera là un test important. Eviter des humiliations et rester en contact, on ne peut guère s’attendre à plus actuellement "...

Bildcollage Donald Trump Angela Merkel lächelnd
La chancelière allemande Angela Merkel et le président américain Donald Trump garderont-ils le sourire lors de leur première entrevue officielle mardi à Washington?Image : picture-alliance/dpa/J. Knappe & Reuters/K. Lamarque

Selon la Frankfurter Rundschau, "On peut dire sans exagérer qu’il s’agit là de la rencontre entre la plus importante représentante de la démocratie et des valeurs occidentales avec le plus puissant représentant d’un nationalisme populiste et autoritariste. Qu’à la veille de cette rencontre, Washington parle sur un ton  conciliant ne doit pas tromper : les relations germano- américaines connaissent actuellement une grave crise…", conclut le journal de Francfort.