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Zimbabwe : le dernier mandat de Robert Mugabe ?

Daniel Pelz / Philippe Pognan22 août 2013

Au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, le président Mugabe a prêté serment pour un nouveau mandat de cinq années. Il est âgé de 89 ans et nombre de Zimbabwéens se demandent s'il sera en mesure de terminer son mandat.

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Robert Mugabe prête serment le 22.08.2013Image : Getty Images/Afp/Alexander Joe

Robert Mugabe a été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle du 31 juillet dernier avec 61% des suffrages, contre moins de 35% à son adversaire, le Premier ministre Morgan Tsvangirai.

Au Zimbabwe, il n'y a qu'une personne qui pense que le président Robert Mugabe n'a pas besoin de nommer un successeur : et c'est Robert Mugabe lui-même. A la question d'un journaliste qui lui demandait le 31 juillet s'il était certain de finir son nouveau mandat de cinq ans, le plus vieux des chefs d'Etat africains s'est offusqué et a répliqué : « Vous ne voulez pas que j'accomplisse mon mandat complet ? Pourquoi serais-je candidat à l'élection si c'est pour tromper les gens et me retirer ensuite ? »

Quel successeur pour Mugabe ?

Même si à 89 ans, Robert Mugabe jouit apparemment d'une solide santé, la question de sa succession se pose. Mais le vieux politicien n'a jamais évoqué le nom d'un successeur éventuel. Si un jour il n'était plus en mesure de gouverner, de nombreux observateurs prédisent des problèmes au sein du parti gouvernemental Zanu PF, divisé en deux factions rivales. Wilf Mbanga, rédacteur en chef du journal The Zimbabwean à Londres, pense que Robert Mugabe est « l'élément qui cimente le parti.» Selon lui, « si Mugabe devait disparaître demain de la scène, ce serait la guerre au sein de la ZANU-PF. Mugabe est le seul qui peut tenir ces deux factions ensemble. »

Robert Mugabe - Simbabwe vor der Unabhängigkeit
Robert Mugabe à Londres à l'issue des négociations pour l'indépendance de son pays en décembre 1979Image : picture-alliance/dpa

L'une de ces deux factions est menée par celui que l'on surnomme « le crocodile », le ministre de la Défense ultra conservateur Emmerson Mnangagwa, ex-porte-parole du Parlement. En 2004, il a perdu son poste de secrétaire administratif de la ZANU-PF. Certains y voient là un signe que Mnangagwa était devenu trop puissant au goût de Mugabe. Pour le moment, la vice-présidente Joice Mujuru, qui représente l'autre faction au sein du parti de Mugabe semble, avoir de meilleurs rapports avec le chef.

Dissensions au sein de l'opposition

Mais l'opposition du MDC, le Mouvement pour le Changement Démocratique, parti du Premier Ministre Morgan Tsvangirai connait aussi des dissensions en son sein. Le bilan de Tsvangirai à la tête du parti est mitigé et nombre de partisans lui reprochent sa collaboration avec le président Mugabe dans le gouvernement de coalition de 2008 à 2013. Un possible successeur à la tête du MDC pourrait être le ministre des Finances Tendai Biti. Il a réussi à réduire sensiblement l'inflation et, après des années de déclin, le Zimbabwe atteint des records dans la vente d'or, de platine et de coton. Alors que plusieurs députés du MDC sont impliqués dans des affaires de corruption, Tsvangirai lui-même fait plutôt parler de lui dans les journaux pour diverses affaires amoureuses.

Morgan Tsvangirai
Morgan Tsvangirai a boycotté la cérémonie d'investitureImage : JEKESAI NJIKIZANA/AFP/Getty Images

Mardi d'anciens membres du MDC ont quitté le parti pour en créer un nouveau : le ZIA. Même si les observateurs ne croient pas que cette dissidence pourra supplanter le MDC, les prochains mois seront difficiles pour le parti de Morgan Tsvangirai.