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Zimbabwe - RDC

12 décembre 2003
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Sans surprise la décision du Zimbabwe de quitter le Commonwealth est l'événement qui domine cette semaine les commentaires des journaux. Commentaire virulent de Die Welt par exemple qui écrit qu'en décidant de quitter le Commonwealth Robert Mugabe a une fois de plus apporté la preuve qu'il ne songe nullement à prendre une retraite anticipée et honorable comme on l'espère secrètement en Afrique du sud. Au contraire, à près de 80 ans le dictateur est en pleine forme et ne cesse de faire des pieds de nez à Thabo Mbeki. Lequel lui apporte en paroles un soutien indéfectible, s'indigne Die Welt. En revanche à l'intérieur du Commonwealth - soit 54 pays anglophones qui représentent un quart de l'humanité - des hommes politiques clairvoyants auront eu la force morale d'exclure de leurs rangs le Zimbabwe pour une durée indéterminée. La Frankfurter Rundschau reconnait au moins un mérite à Robert Mugabe : il ignore le double langage. C'est un homme en colère qui a claqué la porte du Commonwealth lorsque le sommet d'Abuja a décidé de maintenir la suspension du Zimbabwe. Mais après avoir rappelé le désastre politique et économique que vit le Zimbabwe le journal s'inquiète pour l'avenir. Car souligne-t-il, il est probable qu'après les affrontements d'Abuja, les nations industrielles se détourneront de ce dossier encombrant et abandonneront le Zimbabwe à son sort. Le dépit rend solitaire, titre la Süddeutsche Zeitung qui note qu'en quittant le Commonwealth Mugabe isole encore plus le Zimbabwe. Il doit en outre s'accommoder du fait que les pays africains amis ne peuvent l'aider à se débarrasser de son statut de paria. Mais poursuit le journal le Commonwealth a aussi subi une défaite. Désormais il n'a plus aucune influence sur ce qui se passe au Zimbabwe. Tout dépend maintenant de la réaction des autres pays africains au départ du Zimbabwe. Or la légende, chère à Mugabe, des racistes blancs et des néocolonialistes du Commonwealth a ses partisans dans d'autres gouvernements africains. Des gouvernements persuadés que si le Zimbabwe a été si durement puni, c'est uniquement parce que des fermiers blancs y ont été expropriés. Les pays riches du Commonwealth doivent maintenant prouver le contraire, souligne le journal. La presse allemande revient aussi cette semaine sur le rapport de Nations unies relatif au pillage des ressources de la République démocratique du Congo. Vous vous souvenez que la Tageszeitung de Berlin avait dénoncé la censure d'un chapitre entier de ce rapport final du panel d'experts de l'ONU. Il s'agissait du chapitre V, supprimé par Kofi Annan de la version rendue publique. La Tageszeitung nous révèle cette semaine qu'elle est en possession de ce fameux chapitre V, et que son contenu n'incite pas à l'optimisme. Ses auteurs constatent par exemple que des réseaux s'emploient aujourd'hui à saper le processus de paix et le gouvernement d'union nationale, ceux-ci étant perçus comme une menace directe pour la survie de ces réseaux. Dans le cas du réseau rwandais et du réseau issu de l'ancien gouvernement de Joseph Kabila, il s'agit même de gouvernements fantômes qui pourraient être portés au pouvoir si le gouvernement d'union nationale échouait ou éclatait. Des préparatifs militaires en vue d'une nouvelle guerre seraient également en cours. Bref un constat inquiétant, souligne le journal dans son éditorial. A l'évidence ceux qui pendant cinq ans ont attisé à leur profit personnel la guerre la plus sanglante du monde n'en ont pas encore assez. D'un autre côté, poursuit le journal, le travail des experts de l'ONU a ces deux dernières années montré pour la première fois aux Congolais comment fonctionnait la guerre au Congo. Et la transparence nuit aux coups tordus. Plutôt que de supprimer ce chapitre explosif, il aurait donc mieux valu le compléter. Car une bonne partie de son contenu repose effectivement sur des on-dit ou sur une interprétation unilatérale de rumeurs.