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"Être jeune candidat à une présidentielle n’est pas facile"

28 juillet 2020

Salim Salim Zanguina, jeune nigérien de 38 ans, candidat à la présidentielle de décembre 2020, il explique qu’il faut d’abord inspirer confiance, avoir un programme efficace et surtout avoir les moyens financiers.

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Niger Salim Salim
Image : Privat

DW : Bonjour Salim Salim Zanguina. L'âge est-il un handicap pour accéder aux plus hautes fonctions en Afrique?

Salim Salim Zanguina : On nous parle d'âge comme critère d'expérience, nous disons non. Parce que l'expérience dont les leaders africains se targuent souvent n'est pas une expérience au service de leurs pays. Au contraire, c'est une expérience qui repose sur l'exploitation de ces pays. Nous avons une génération de politiciens d'un certain âge qui sont aux commandes depuis les conférences nationales et qui jusqu'à présent peinent à amorcer le développement de nos pays, de nos nations. Alors de quelle expérience parle-t-on ?

DW : Vous avez 38 ans, vous avez décidé d'être candidat à la présidentielle dans votre pays, le Niger. Ce qui n'est pas le cas dans beaucoup d'autres pays d'Afrique. Pourquoi, y a-t-il un manque de candidatures de jeunes pour le fauteuil présidentiel ?

Déjà, il y a, je pense, des préjugés. C'est-à-dire que la classe politique vieillissante et dépassée a réussi à inculquer aux jeunes que lorsqu'on est jeune, il faut attendre que les vieux finissent leur temps pour monter sur le podium. Ils ont réussi à nous mettre dans la tête que pour briguer la présidence de nos États, il fallait être milliardaire. Ils ont réussi à nous inculquer beaucoup d'autres faiblesses qui font que les jeunes doutent d'eux-mêmes et ne pas se faire suffisament confiance. 

Lorsqu'on décide comme vous de se lancer en politique. Quelles sont les difficultés auxquelles on est confronté ?

Déjà, je pense que la première difficulté, c'est comment réussir à gagner la confiance des électeurs, des populations. Parce qu'aujourd'hui, au Niger, où je compte me présenter à l'élection présidentielle de 2020-2021, la première des choses, c'est d'abord de réussir à se prendre au sérieux. Parce que vous avez souvent l'impression qu'on se dit bon, il est jeune, il a 38 ans, il est le plus jeune des candidats, qu'est-ce qu'il vient faire là ? Est-ce que ce n'est pas trop tôt pour lui de briguer la magistrature suprême de la République ? Voilà entre autres, les obstacles rencontrés par les jeunes. Mais au-delà, il y a aussi le handicap financier. Il ne faut pas se mentir, une élection à ce niveau demande beaucoup de moyens. Nous autres qui avons décidé d'aller avec de nos fonds propres, le plus dur, c'est comment réussir à mobiliser les moyens financiers et les matériels nécessaires pour battre campagne. Parce que le Niger est un pays très vaste.

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Mais on peut dire également que les populations africaines ne sont pas prêtes à élire un jeune à la magistrature suprême?

Je pense que cela est très relatif parce que justement ces populations dont vous parlez sont majoritairement jeunes. Donc ce sont des populations qui ont de fortes attentes. Ce qui fait qu’aujourd'hui, elles se rendent compte que la vieille classe politique est dépassée et qu'il faut une génération fraîche, une génération nouvelle, mais surtout une génération qu'elles comprennent.

Vous dites que les jeunes demandent aux vieux de céder la place aux jeunes. Mais on a vu dans votre pays, lors des dernières élections, le jeune qui s'est porté candidat n'a pas pu obtenir  1 % des suffrages. Qu’est-ce qui  explique cela ? 

"L'expérience dont ils se targuent souvent n'est pas une expérience au service de leurs pays"

Le jeune dont vous parlez est un cas spécial. Personnellement, je n'ai jamais compris comment est-ce qu'on apparait sur la scène politique que pour se présenter à une élection présidentielle et disparaitre juste après le scrutin. C'est à dire qu’on ne le revoit que cinq ans après sur la scène politique. Je veux dire que lorsqu'on fait de la politique sa vocation, cela suppose qu’après l'élection présidentielle qu'on continue à être actif politiquement sur le terrain. 

Dans notre cas, ce qui est certain, nous l'avons dit à nos militants, nous l'avons dit à tous les dirigeants de notre parti, nous allons lancer notre baptême de feu en 2021. Mais il faut que chacun retienne que c'est le combat d'une vie que nous engageons dorénavant. Eh bien, il n'est plus question pour nous de faire marche arrière. Je pense que c'est cette attitude que les jeunes doivent avoir. Une vision à long terme de la politique et non une vision centrée sur les élections. Non! Il faut continuer à animer la vie politique nigérienne. Il faut sensibiliser et former les militants. Sensibiliser et informer les populations sur le changement que nous voulons apporter.

Vous parlez de programme. Pensez-vous que les jeunes ont du mal à émerger sur la scène politique parce qu'ils n'ont pas un programme solide pour convaincre les populations et mobiliser l’électorat ?

Je suis totalement d'accord avec vous. Je pense que c'est là que se trouve l'un des problèmes parce que la plupart de des jeunes qui s'engagent en politique le font, parfois, uniquement pour décrocher un poste politique. Pour le prestige et  les avantages qui vont avec aussi... Alors que lorsqu'on entre en politique, lorsqu'on veut servir son pays, on le fait sur la base d'un programme réaliste, un programme objectif et un programme efficace. Et c'est là où nous pêchons souvent et ceci permet à la vieille classe politique de se maintenir au pouvoir.  

Pour écouter l'interview, cliquez sur l'image principale de cet article.

Nafissa Amadou Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique