Amoureux de la nature, le documentariste Luc Jacquet filme les forêts tropicales primaires,ces forêts vierges menacées par la déforestation.
Avec « La Marche de l’empereur », un film consacré aux manchots dans l’Antarctique, Luc Jacquet a remporté en 2006 l’oscar du meilleur documentaire. Depuis, il a été sollicité pour filmer toutes sortes d’animaux. Mais finalement, il a choisi de braquer sa caméra sur un sujet qui semble peu cinématographique : les arbres. «Il était une forêt » raconte sur le ton d’un conte la naissance, la vie et la mort des forêts primaires, ces forêts vierges, indemnes de l’intervention humaine. Luc Jacquet filme ces géants de 70 mètres de haut des racines à la cime, du bourgeon à la branche.
Francis Hallé est le seul homme que l’on voit à l’écran pendant 90 minutes. Ce film, il en rêvait depuis plus de 20 ans. Francis Hallé, botaniste réputé, étudie depuis 50 ans les forêts vierges et s’inquiète de leur disparition : « Quand j'ai commencé, en 1960, il y avait pléthore de forêts tropicales primaires. On aurait fait rigoler n'importe qui en annonçant leur extinction cinquante ans plus tard. La déforestation est allée très vite, le temps d'une vie, en l'occurrence la mienne. » C’est le botaniste qui a sollicité Luc Jacquet pour le projet de film. Le tournage a eu lieu dans le bassin du fleuve Congo au Gabon et dans la forêt amazonienne du Pérou.
700 ans, soit 7 siècles – les forêts primaires ont besoin de tout ce temps pour se constituer. Luc Jacquet utilise l’animation pour restituer ce processus et décrire les stratégies de vie des gigantesques moabis ou des figuiers étrangleurs ainsi que les relations qu’ils entretiennent avec leur environnement, les aninaux notamment. Les arbres sont certes immobiles, mais la caméra, elle, ne l’est pas. Grâce à des drones, le réalisateur nous offre des travellings vertigineux – et nous fait grimper là où les arbres semblent chatouiller le ciel et les nuages.