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Mali : le M5-RFP au bord de l'implosion

Georges Ibrahim Tounkara
14 septembre 2020

La charte adoptée le week-end dernier divise le M5-RFP, le mouvement qui a mené la contestation contre le président déchu, Ibrahim Boubacar Keïta.

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Le M5-RFP, le 26 août, lors d'une rencontre avec les militaires putschistes
Le M5-RFP, le 26 août, lors d'une rencontre avec les militaires putschistesImage : AFP/A. Risemberg

La charte divise en effet le M5-RFP, le Mouvement du 5 Juin -Rassemblement des forces patriotiques, cette coalition hétéroclite composée de religieux, d’acteurs de la société civile et d’hommes politiques. 

Si le mouvement a pu faire bloc pour mener la contestation qui a abouti au départ du président Ibrahim Boubacar Keïta, il est depuis le week-end dernier au bord de l’implosion. 

Les partis politiques membres du M5-RFP rejettent la charte adoptée à l’issue des concertations nationales alors que les organisations de la société civile, proches de l’imam Mahmoud Dicko, disent l’approuver. "Nous, les mouvements proches de l'imam Dicko, nous validons la charte de la transition. Le peuple dans sa grande majorité approuve cette charte. Nous n'allons pas éternellement contester. Il faut aller de l'avant. Notre vision, c'est de sauver le Mali", dit Issa Kaou Djim, porte-parole du M5-RFP.

Poignée de main entre Issa Kaou Djim et Malick Diaw Vice-président du CNSP
Poignée de main entre Issa Kaou Djim et Malick Diaw Vice-président du CNSPImage : Getty Images/AFP/M. Cattani

Sur le choix de la personnalité qui devra diriger la transition, pour Issa Kaou Djim, peu importe qu’elle soit civile ou militaire. L’important dit-il, c’est la feuille de route. "Le peuple n'est pas sorti dans la rue pour donner le pouvoir aux hommes politiques. Le peuple est sorti dans la rue afin que le Mali soit mieux gouverné. On parle aujourd'hui d'un audit de la gestion d'Ibrahim Boubacar Keita, c'est une avancée. On parle de trouver une solution aux problèmes de l'école, de désarmer les milices, de créer des conditions pour des élections transparentes et crédibles, ce sont là des avancées notables. Maintenant, qui doit être à la tête de la transition, ça c'est une question de positionnement. Mais, si le peuple dans sa majorité estime qu'un civil est capable de réussir cette mission, c'est le plus important",  estime Issa Kaou Djim.

Non à la confiscation du pouvoir

Choguel Maiga ( à gauche), l'un des leaders du M5-RFP
Choguel Maiga ( à gauche), l'un des leaders du M5-RFPImage : Getty Images/AFP/M. Cattani

Dans un communiqué rendu public dimanche, Choguel Maiga, président du Mouvement patriotique pour le renouveau et membre du M5-RFP, affirme que la charte rendue publique " ne reflète pas les points de vue et les décisions du peuple malien". Choguel Maiga dénonce "la volonté d'accaparement et de confiscation du pouvoir" par les militaires. Selon lui, les Maliens dans leur majorité se seraient prononcés pour un civil à la tête de la transition. Une position que soutient Bocari Treta, président du RPM, le Rassemblement pour le Mali, l’ancien parti au pouvoir . "Les militaires avaient annoncé une transition politique civile et la Cédéao en a fait à plusieurs occasions, une forte recommandation et je souhaite que les Maliens conviennent d'une personnalité civile pour diriger la transition", affirme le président de l'ancien parti au pouvoir.

Mali : le M5-RFP au bord de l'implosion

Le texte adopté lors de ces concertations, charge un comité qui sera mis en place par les militaires, de désigner un président civil ou militaire pour diriger la transition. 

La charte prévoit également 18 mois de transition. Mais, pour Bocari Treta, président du RPM, "Il aurait été souhaitable de ne pas marchander avec la Cédéao en proposant une transition de 12 mois et à l'issue de ces 12 mois, s'il y avait des choses à faire encore, la Cédéao aurait compris d'elle même la nécessité de prolonger la transition de quelques mois."

Les chefs d’Etat de la Cédéao doivent se réunir une nouvelle fois en sommet, ce mardi, à Accra au Ghana, pour débattre de la situation au Mali. L’organisation ouest-africaine avait donné jusqu'au 15 septembre à la junte, pour remettre le pouvoir à un civil,

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle