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En Guinée, deux ans de transition pour quel bilan ?

Abdoulaye Sadio Diallo
5 septembre 2023

Ce 5 septembre marque le deuxième anniversaire du renversement du président Alpha Condé.

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Le colonel Doumbouya, le 6 septembre à Conakry
Deux ans après l'arrivée au pouvior du colonel Doumbouya, quel bilan tirer de la transition ? Image : CELLOU BINANI/AFP/ Getty Images

Le 5 septembre 2021, un coup d'État militaire renverse le président Alpha Condé, fraîchement réélu pour un troisième mandat controversé  un an plus tôt.  C'est le Comité national pour le rassemblement et ledéveloppement, CNRD, dirigé par le Colonel Mamadi Doumbouya qui reprend la gestion de la Guinée

Deux ans après, Bah Oury, le président de l'Union pour la démocratie et le développement (UDD) dresse ce qu'il estime être les acquis de ce régime d'exception : 

"L'instauration d'une cour de répression des infractions économiques et financières qui a contribué bon an mal an à la détention préventive de beaucoup de lieutenants de monsieur Alpha Condé, pour des faits de corruption et de détournement de deniers publics. Le deuxième aspect, c'est le lancement du procès du 28 septembre 2009, le massacre qui a été qualifié par les Nations Unies de crime contre l'humanité. Le  troisième pilier, c'est le lancement des assises nationales. Le quatrième aspect, c'est au niveau des infrastructures, on a vu des réalisations concrètes."

Des fausses promesses

'Deux années de fausses promesses' (Joachim Baba Milimouno, UFDG)

Du côté de l'Union des forces démocratiques de Guinée, dirigé par l'opposant en exil, Cellou Dalein Diallo, le regard porté sur la junte au pouvoir est tout autre. "Deux années de fausses promesses, deux années de violences perpétrées contre les acteurs de la démocratie, de manque de dialogue, de tentative de déstabilisation et d'exclusion des acteurs politiques et sociaux du processus électoral," estime Joachim Baba Milimouno, coordinateur de la cellule de communication de l'UFDG. "L'autre déception, c'est qu'aujourd'hui nous comptabilisons 25 citoyens tués par balles, de sang-froid, par les forces de défense et de sécurité, à l'occasion des manifestations pacifiques appelées par les forces vives et le FNDC." 

Libertés menacées 

La société civile guinéenne, elle aussi, déplorela gestion de la transition par le CNRD et l'actuel gouvernement de transition. Alseyni Farenta Camara est membre du Front national pour la constitution, FNDC : 

"Aujourd'hui des leaders socio-politiques sont sont empêchés de sortir pour aller se faire soigner, d'autres sont contraints à l'exil, les libertés publiques et les droits humains sont bafoués. C'est très regrettable que le CNRD conduise la Guinée vers la catastrophe." 

Une transition sans fin ? 

Fin 2022, le gouvernement guinéen et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) s'étaient accordés sur une transition de 24 mois, à compter de janvier 2023.

Pour ce faire, dix points devant conduire au retour à l'ordre constitutionnel ont été adoptés. Parmi eux,  l'adoption d'une nouvelle Constitution, la refonte du fichier électoral et l'organisation des élections générales. Mais Mamadou Kaly Diallo de la structure "Démocratie sans violence, la Baïonnette Intelligente" reste pessimiste : "Il n'y a aucune visibilité, ni de lisibilité sur les actions devant mener à un retour rapide à l'ordre constitutionnel". 

Nos tentatives pour recueillir le point de vue des autorités de la transition sont restées vaines.