Angela Merkel en maison de retraite / Les descendants de "Windrush" toujours discriminés au Royaume-Uni | PROGRAMME | DW | 18.07.2018
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PROGRAMME

Angela Merkel en maison de retraite / Les descendants de "Windrush" toujours discriminés au Royaume-Uni

En Allemagne, les personnels soignants tirent la sonnette d'alarme pour alerter sur des conditions de travail de plus en plus difficiles. // 70 ans après l'arrivée des travailleurs caribéens venus reconstruire l'Angleterre, les descendants de la "génération Windrush" sont toujours victimes de racisme au sein de la société britannique.

Angela Merkel en visite dans une maison de retraite à Paderborn, dans le nord-ouest de l'Allemagne. À la veille de son 64ème anniversaire, la chancelière a honoré une promesse faite un an plus tôt, lors d'un des débats télévisés de la campagne des législatives.  

Interpellée à l'époque par un jeune aide-soignant, Angela Merkel avait été invitée à venir se rendre compte par elle-même des conditions de travail dans les établissements de santé – notamment ceux qui accueillent les personnes âgées. Des conditions souvent difficiles et parfois, même, indignes… 

La maison de retraite de Paderborn n'est pas vraiment représentative, mais la visite a une valeur symbolique: la classe politique a compris qu'il y a une crise du personnel soignant.

Pénurie de personnel dans les établissements de santé

Il était temps. En Allemagne comme dans d'autres pays européens, les personnels de santé n'en peuvent plus. Et ils en ont assez de se taire.

"Pourquoi tolérons-nous que nos parents ou nos proches ne soient pas bien pris en charge dans les maisons de retraite? Qu'ils restent dans leur 'merde', ne reçoivent pas à manger ou à boire ou meurent sans personne pour leur tenir la main?" 

Une fois par mois depuis 2013, une quarantaine de militants du mouvement "Pflege am Boden" manifestent devant la cathédrale de Cologne. 

"Notre objectif est d'interpeller les citoyens et les responsables politiques sur la pénurie du personnel soignant afin qu'ils en prennent conscience et que les choses changent", explique Christine Herbert, l'une des fondatrices du mouvement.

À 62 ans, dont 44 passés à travailler en tant qu'infirmière, elle fait partie de ceux qui, sans relâche, interpellent les citoyens sur la détresse de ses collègues qui s'occupent des malades et des personnes âgées.

"Nous sommes des professionnels, nous sommes à la source et savons ce qui se passe. Nous voyons chaque jour le dilemme des soignants quand les patients ne sont pas bien traités parce qu'il n'y a pas assez de personnel", explique-t-elle.

Des aides-soignants débordés

Environ trois millions d'Allemands sont aujourd'hui en situation de dépendance, et ils seront un million de plus d'ici à 2060.

Pour s'occuper d'eux, des personnels soignants débordés, qui travaillent six jours par semaine et doivent passer d'un patient à l'autre sans perdre une minute.

"Quand je vois quelqu'un qui souffre dans son lit et que je sais que lui tenir la main ou lui dire des mots réconfortants l'aiderait, mais j'ai en tête qu'il faut que je poursuive directement ma tournée parce qu'il y a encore plein de patients ou de résidents qui ont besoin de soins, cela me met la pression car je ne peux pas fournir à cette personne l'attention dont elle a vraiment besoin", déplore Christine Herbert.

"On ne peut même pas boire une gorgée d'eau"

Les conditions de travail sont devenues si mauvaises dans les établissements de santé qu'un aide-soignant y travaille en moyenne 13 ans – avant de jeter l'éponge.

Nina a réussi à tenir plus de 15 ans, mais depuis janvier, elle est en congé maladie. Elle avait choisi son métier pour s'occuper de personnes vulnérables, mais c'est elle qui a été vaincue:

"Rentrer tous les jours à la maison insatisfaite parce qu'on sait qu'on ne s'est pas bien occupé des patients et ne pas le supporter… ne pas pouvoir emmener les patients aux toilettes, ni même y aller soi-même ou boire une gorgée d'eau pendant le service parce qu'on n'a pas une minute à soi… À la longue, ça finit par rendre malade."

La crise a fini par atteindre la classe politique. En mai, le nouveau ministre de la Santé, Jens Spahn, a annoncé un plan d'urgence. Parmi les mesures envisagées, le recrutement de 13.000 aides-soignants pour les établissements de personnes âgées et dépendantes et une augmentation de salaire pour rendre le métier plus attractif.

Comment financer la dépendance ?

Selon le ministre, il s'agit avant tout de surmonter une "crise de confiance". "Nous sentons tous que la question posée est de savoir si la politique a vraiment compris ce qui se passe dans les hôpitaux et les maisons de retraites, à quel point la cadence de travail est devenue serrée", a reconnu Jens Spahn lors de la présentation de ses mesures.

Jens Spahn veut réussir là où ses prédécesseurs ont échoué

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"Ce programme veut envoyer un signal clair: oui, nous avons compris, nous voulons y remédier et ceci est une première étape importante. Et maintenant il s'agit de continuer à améliorer les conditions de travail afin de pourvoir ces postes et de les rendre plus attractifs."

L'attractivité du métier est en effet l'un des principaux problèmes à régler. Actuellement, 36.000 postes sont vacants, dont 15.000 dans des établissements pour personnes âgées.

Le financement est un autre obstacle à la résolution de la crise. Le secteur des soins est financé par une assurance-dépendance à laquelle cotisent tous les salariés.

Celle-ci va augmenter de 0,3 pourcent au 1er janvier 2019, pour compenser le déficit qui se creuse - trois milliards d'euros cette année - et qui n'est pas près de se combler au vu du vieillissement croissant de la population allemande.

 

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Hommage amer pour les Windrush

Le navire Empire Windrush a amené des travailleurs des Caraïbes pour reconstruire l'Angleterre après la guerre

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Depuis fin juin, des célébrations rendent hommage à la culture caribéenne dans ce pays. Parmi elles, l’exposition « Windrush, Songs in a Strange Land », à la British Library de Londres.

Le titre vient du nom d’un bateau qui a emmené des travailleurs de toutes les Antilles vers la « mère partie » il y a 70 ans. Mais le contexte de ces célébrations est difficile et les débats sur l’immigration, qui agitent le pays depuis les attentats de Londres en 2005, ont créé un climat d’hostilité qui a failli gâcher ces moments de fête. Un reportage en Angleterre de Mélissa Chemam.   

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