La question des constructions sur l’ancien aéroport berlinois de Tempelhof de retour alors qu’Istanbul inaugure "le plus grand aéroport du monde" | PROGRAMME | DW | 30.10.2018
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PROGRAMME

La question des constructions sur l’ancien aéroport berlinois de Tempelhof de retour alors qu’Istanbul inaugure "le plus grand aéroport du monde"

Illustration de la crise du logement en Allemagne : alors que les habitants ont dit non, par référendum, il y a 4 ans, à des constructions sur l’ancien aéroport de Tempelhof à Berlin, la question revient dans le débat public aujourd’hui. Vu d’Allemagne vous emmène aussi à Istanbul où Recep Tayyip Erdogan vient d'inaugurer "le plus grand aéroport du monde".

Vu d’Allemagne aurait pu revenir sur l’élection dans la Hesse une nouvelle fois cette semaine et sur ses conséquences politiques et notamment l’annonce de ce qui sera probablement la fin de carrière politique d’Angela Merkel. Mais votre radio a déjà longuement évoqué le sujet sur ses ondes. Vous retrouvez d’ailleurs des articles sur le sujet ici, ici ou encore ici. Et vous pouvez également réécouter Vu d’Allemagne d’il y a 15 jours sur les élections en Bavière, où le scénario était sensiblement le même.

Vu d'Allemagne à Tempelhof

En attendant, votre magazine sur l’Allemagne et sur le monde vous emmène bien à Berlin ... mais au parc plutôt ! Sur les pistes d'un aéroport d'où on ne décolle plus depuis bien longtemps, mais où on se rend à pied, en vélo, en famille, en couple ou entre amis pour profiter de l'air frais ou d'une bière fraiche. Il est question de l’ancien aéroport de Tempelhof et des constructions éventuelles à venir à cet endroit.

Aujourd’hui, "Tempelhof est un lieu pour les Berlinois, accessible seulement depuis 2010", raconte Martina Witt, une berlinoise. "Depuis cette ouverture au public, il est de plus en plus populaire. Les jours de beau temps, sans autre grand événement, jusqu’à 70.000 personnes viennent ici. Ce n'est possible à aucun autre endroit à Berlin", explique cette habitante.

380 hectares pour se divertir ... 

Tempelhof c'est 380 hectares. De l'herbe mais aussi et surtout d'anciennes pistes d'aéroport. Tempelhof était un des aéroports de Berlin jusqu'à sa fermeture en 2008. C'est celui aussi qu’on voit régulièrement dans des livres d’histoire où dont on a déjà parlé dans cette émission, qui servait au ravitaillement de Berlin lors du blocus de la ville entre 1948 et 1949.

Berlin - Tempelhofer Feld - Containerdorf für Geflüchtete

Des personnes réfugiées sont installés sur l’ancien aéroport depuis décembre 2017.

Ecouter → "Berlin ravitaillé uniquement par les airs", Vu d’Allemagne du 26 juin 2018

Depuis 2010 il est donc lieu de détente pour les habitants et les touristes. Des réfugiés ont aussi été logés dans les anciens hangars aéroportuaires autour du parc.

Voir aussi → L’histoire de l’aéroport de Tempelhof racontée en images par nos confrères du Berliner Zeitung (en allemand, mais les images parlent d’elles-mêmes)

... Mais sur lesquelles certains ameraient construire 

Un parc géant donc sur lequel certains ont déjà pensé construire des bureaux, des magasins mais aussi et surtout des logements. Mais les habitants se sont opposés au projet par référendum en 2014. Sauf que depuis peu, le sujet fait son retour. 

Il faut dire que 60 000 personnes aménagent à Berlin chaque année et qu’on manque de place. Les loyers explosent, les manifestations pour des prix décents aussi. C'est le cas à Berlin mais aussi dans beaucoup de grandes villes en Allemagne. Gouvernement, régions, mairies, tout le monde travaille sur le sujet.

Les Berlinois trop gâtés ?

Berlin, Blockade 1948/49 / Foto - -

L’aéroport, en service jusqu’en 2008, était notamment utilisé lors du blocage de Berlin entre 1948 et 1949.

Récemment donc le bourgmestre-gouverneur de Berlin, ancien responsable de l'aménagement urbain est revenu sur les constructions à Tempelhof. Michael Müller n'y ferme plus la porte. "Je vois partout des discussions à ce sujet. La pression augmente. Il faut aujourd’hui réagir avec d'autres concepts politiques. L'erreur que nous avons commise à l'époque, l'erreur que j'ai commise en tant que sénateur du développement urbain, c’est d’en vouloir trop", dit-il. Comprendre qu'on ne peut pas avoir de jolis parcs et des logements pas chers.

Un avis partagé par le député CDU de Berlin Burkhardt Dregger. "C'est une situation nouvelle et elle devrait être présentée à la population, peut-être que les gens voient les choses différemment aujourd'hui. Je le vois aussi dans mes heures de consultation des citoyens, lors de mes événements locaux : la pénurie de logements est la question sociale de la ville, elle est sur toute les lèvres", confie-t-il à nos confrères de la radio publique Deutschland Funk.

Un référendum qui pose problème

Sauf que le référendum de 2014 fait office de référence légalement. Les gens ont dit "non" aux constructions à l'époque et cela pose une vraie question de démocratie. Faut-il revenir sur une décision comme celle-ci, d’autant plus qu’elle est récente ? Certains tentent de proposer des compromis . "On construit un peu, mais on laisse aussi une grosse partie du parc ... Il y a de la place finalement."

Un compromis pas acceptable pour Martina Witt, qui se bat, avec son association "100 Prozent Tempelhofer Feld" depuis plusieurs années pour éviter les constructions. "La seule loi qui existe à Berlin et qui a été écrite par les Berlinois est la loi sur Tempelhof. Si on s’assoit dessus, il ne fraudra pas se poser de questions sur le désenchantement de la politique", estime-t-elle.

Interview mit Thomas Kusitzky Tempelhofer Feld

Même si le parc est souvent venteux, Tempelhofer Feld est très prisé des Berlinois.

Également membre de l’association, Gernot Ziska ne veut pas accepter de compromis non plus. "Si nous commençons à construire ici, ce sera un début seulement“, assure-t-il. "Cinq ans plus tard, on dira que nous avons toujours une grande pénurie de logements et nous devrons alors y construire un peu plus. Pareil dans dix ans. Ce sera un processus insidieux, où le développement progressera. J'en suis fermement convaincu."

Un débat qui reste ouvert, symbole de la crise du logement en Allemagne. Même Google a dû plier face à la contestation cette semaine après deux ans de lutte. Le géant de l'internet voulait s'installer dans un vieux bâtiment industriel au cœur de la capitale. Associations contre la spéculation immobilière, et la hausse des loyers se sont battues des mois durant. Google a fini par plier !

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"Le plus grand aéroport du monde" inauguré à Istanbul

Türkei Istanbul neuer Flughafen

L’aéroport est appelé à devenir le plus grand du monde.

Dans la seconde partie de ce magazine, Vu d'Allemagne prend la direction de la Turquie. C'est là, à Istanbul, que le président Recep Tayyip Erdogan a inauguré ce qui devrait devenir le plus grand aéroport du monde lundi 29 octobre. Un projet vivement contesté sur place symbole des méga-projets d'infrastructures qui ont transformé la Turquie depuis son arrivée au pouvoir. Un aéroport et des pistes aubord desquelles nous emmène Solène Permanne.

Des ouvriers morts sur le chantier

Notre correspondant sur place présente ce projet gigantesque : six pistes de décollage et atterrissage, 76 kilomètres carrés et une tour de contrôle en forme de tulipe, symbole d’Istanbul. Plus de 10 milliards d’euros ont été investis. Dans dix ans, l’aéroport devrait desservir plus de 300 destinations et accueillir jusqu’à 200 millions de voyageurs par an. C’est deux fois plus que l’aéroport américain d’Atlanta, le plus fréquenté au monde.

Türkei Baustelle Großflughafen IGA in Istanbul

Les autorités parlent de 20 morts sur le chantier. Le journal d’opposition Cumhurriyet de plus de 400.

Depuis le début des travaux en 2015, les ONG écologistes dénoncent son impact sur l’environnement. En septembre, des milliers d’ouvriers logés sur place ont contesté leurs conditions de travail et de vie sur le chantier. Les manifestations ont été vivement réprimées par la police. Plus de 400 employés ont été arrêtés. Une vingtaine de personnes sont mortes sur le chantier depuis le début des travaux en 2015, selon les autorités. Un chiffre qui s’élèverait à plus de 400 selon le journal d’opposition Cumhurriyet.

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